Le climat étretatais

Revenez donc, hélas ! revenez dans mon ombre

Si vous ne voulez pas que je sois triste et sombre,

Pareil, dans l’abandon où vous m’avez laissé,

Au pêcheur d’Étretat, d’un long hiver lassé,

Qui médite appuyé sur son coude, et s’ennuie

De voir à sa fenêtre un ciel rayé de pluie.

Cette strophe d’un poème de Victor Hugo (A des oiseaux envolés) daté d’avril 1837 était fièrement placardée sur le chemin menant à la plage d’Étretat avant que, sans doute, un édile s’avisât que cette publicité faite à la station maritime pouvait aussi présenter un aspect fâcheux aux yeux des candidats au bronzage.

Etretat dans le brouillard en octobre 2017

De fait, le climat normand, à l’instar du climat breton,  jouit d’une réputation qui n’est guère flatteuse : humidité et fraîcheur sont deux caractéristiques peu attractives, excepté durant les périodes de canicule. En matière de météorologie, il faut toutefois se méfier des appréciations. Les données des stations météorologiques locales permettent d’asseoir un jugement objectif.

Étretat ne dispose pas de station météorologique mais deux stations proches permettent d’extrapoler. La station du Cap de La Hève a été créée au Havre en 1880 et est devenue station officielle de la Météorologie nationale en 1968 (ID Meteo-France : 76552001) (https://donneespubliques.meteofrance.fr/FichesClim/FICHECLIM_76552001.pdf). Les données sont disponibles sur le site infoclimat (https://www.infoclimat.fr/climatologie/globale/mois-de-janvier/le-havre-cap-de-la-heve/07028.html).

A moins de 3 kilomètres au nord, la station d’Octeville-aéroport du Havre complète les données de la Hève ; les données récentes sont accessibles sur le site meteociel (https://www.meteociel.fr/climatologie/villes.php?code=7046).

Plus près d’Étretat, la station du Cap d’Antifer fournit des relevés de précipitation depuis 1925 et des relevés de température depuis 1942. Malheureusement ces données sont difficilement accessibles. L’autre intérêt de ces archives météorologiques est de documenter un sujet très en vogue, celui des changements climatiques actuels. Nous utilisons ici les données d’Octeville pour les 10 dernières années et celles du Cap de La Hève pour les 45 dernières années.

Un climat maritime

Situé sur une côte exposée au Nord-Ouest, le village est assujetti aux masses d’air maritimes venant de la Manche, ce qui a deux conséquences immédiates : une humidité importante et des vents forts. La direction dominante d’où souffle le vent, dans la région havraise, est de secteur SW ; c’est particulièrement le cas d’octobre à janvier (de La Quérière et Pascaud 1970). C’est aussi la période durant laquelle la vitesse des vents est en moyenne la plus élevée (7,7 m/s sur 10 mn en janvier, soit 27,7 km/h) et où on enregistre les rafales maximales : 50 m/s –équivalent à 180 km/h- le 16 octobre 1987. Ce record a été battu le 29 décembre 2004 avec des rafales à 216,7 km/h au Cap de La Hève. Deux directions secondaires s’ajoutent : les vents de secteur Est à Nord, dominants de février à juin et les vents d’ouest, dominants en été (de juillet à septembre).

Des précipitations fréquentes mais modérées

La carte des isohyètes (représentant les quantités annuelles de précipitations) montre que la côte n’est pas la zone la plus arrosée du Pays de Caux  : c’est en effet l’intérieur des terres qui reçoit le plus de précipitations, les hauteurs de pluie s’accroissant avec l’altitude. Le secteur situé autour de Goderville est le plus arrosé du Pays de Caux et reçoit 42 % de précipitations en plus que la côte autour d’Étretat. Les chiffres fournis ci-après sont principalement ceux de la région havraise, qui sont les plus complets. La situation climatique d’Étretat est très comparable et présente peu d’écarts, si ce n’est des précipitations moyennes légèrement supérieures (de l’ordre de 12 %) et des températures un peu plus fraîches. Les cumuls de pluie annuels sont assez variables : au Cap de La Hève on a relevé 855 mm en 2012, 716 en 2013, 805 en 2014, 634 en 2015, 884 en 2017, 721 en 2018 et 730 en 2019 mais seulement  616 mm en 2011 (avec les mois d’avril et mai particulièrement secs et un automne peu arrosé) et 586 mm en 2016, qui connut un hiver sec. Si l’on remonte à la période 1946-1968, les records d’humidité et de sécheresse ont été atteints respectivement en 1960 (934 mm) et 1953 (429 mm), ce qui va du simple au double. Au Cap d’Antifer, la moyenne annuelle s’établit à 732 mm pour la période 1959-1968. Le nombre de jours de pluie (quantité journalière de précipitations supérieure ou égale à 1 mm) est en moyenne de 130 jours par an au Cap de La Hève. Les années les plus sèches furent 1976, 1989, 2011 et 2016 ; les années les plus humides furent 1990, 1922, 1993, 1994 (avec 198 jours de pluie), 1995 et 2008.

Quantité de précipitations annuelles (en mm) au Cap de La Hève et à Octeville depuis 2010

Les saisons les plus humides sont la seconde partie de l’été (période où les vents dominants viennent de l’ouest) et l’automne (pendant lequel les vents viennent principalement du sud-ouest). Le mois le plus arrosé de l’année est en moyenne novembre (ce fut particulièrement le cas en 2010 et 2013) suivi de décembre (mois le plus arrosé en 2011 et 2019) mais octobre et août viennent ensuite, à peu près à égalité l’un de l’autre. Août fut le mois le plus humide des années 2014 -avec un total de 180,6 mm à Octeville- et 2015, tandis qu’octobre fut le plus humide de 2012 (177,3 mm à Octeville). Décembre est le mois qui connaît le nombre moyen de jours de pluie le plus élevé (15), suivi de novembre (13) et octobre (12), puis août (10).

Moyennes mensuelles des précipitations aux stations météorologiques de La Hève et Octeville

Le record journalier de précipitations au Cap de la Hève a été atteint le 15 septembre 1986 avec 252 mm en 24 heures ; d’autres chiffres extrêmes ont été atteints le 6 juillet 1986 avec 170,4 mm en un jour et le 18 juin 1994 avec 142 mm. L’été 1986 a été particulièrement marqué par ces pluies d’orage. Le printemps est la saison la moins arrosée. Les mois les plus secs en moyenne sont avril (avec une moyenne de 35,8 mm à Octeville), suivi de juillet (41,5 mm). C’est aussi en avril que le nombre moyen de jours de pluie est le plus faible. Les moyennes cachent toutefois la grande variabilité d’une année à l’autre ; entre 2010 et 2019, le nombre de jours de pluie a varié ainsi de 3 à 23 en novembre, de 3 à 22 en décembre, de 1 à 16 en avril, de 2 à 21 en août, de 1 à 18 en septembre, etc.

Etretat sous la neige durant l’hiver 1967-1968

Des températures qui augmentent

Février est le mois où les températures minimales moyennes sont les plus basses, sauf en 2010, 2011, 2017 et 2019 où le mois de janvier fut le plus froid.  C’est d’ailleurs le mois de janvier qui présente les températures minimum atteintes les plus basses en moyenne et le nombre moyen de jours de gel le plus élevé ; la moyenne des températures extrêmes de février est à peine supérieure.

Des records de froid instantané sont atteints à Octeville en décembre 2005 (-6,2°C le 28), en janvier 2006 (-5,7°C le 25), décembre 2009 (-6,3°C le 15) et janvier 2010 (-6,3°C le 7), en décembre 2010 (-5,5°C le 2), en février 2012 qui connut 7 jours de forte gelée -température inférieure à -5°C- avec un record à -9,7°C le 12, en janvier 2016 (-5,1°C le 20), décembre 2016 (-5,8°c le 31), janvier 2017 (-5,3°C le 21) et février 2018 (-5,8°C le 27, -7,2°C le 28, -5,1°C le 1er mars).

Les gelées les plus précoces se sont produites en octobre (-0,2°C  le 28 octobre 2003) et les plus tardives en avril (-1,0°C le 12 avril 1986, -0,2°C le 14 avril 2019).

Si l’on remonte plus en arrière, des températures plus extrêmes ont été atteintes au Cap de La Hève en janvier 1979 (-8,4°C le 6), en janvier 1982 (-7,4°C le 14), janvier 1985 (-13,8°C le 17) et février 1985 (-6,8°C le 12), en février 1986 (-8,5°C le 21), en janvier 1987 (-12,7°C le 12), février 1991 (-11,6°C le 7),  janvier 1997 (-10,5°C le 1er) et janvier 2003 (-6,4°C le 9). Le record du nombre de jours sans dégel appartient, pour ces dix dernières années, au mois de février 2012, avec six jours de températures négatives dans le mois et un gel continu du 7 au 11.

Août est le mois le plus chaud de l’année en 2009, 2012, 2015, 2016, 2020 et 2022 alors que juillet est le mois le plus chaud en 2010, 2013, 2018, 2019 et 2021 ; septembre est le mois le plus chaud des années 2011, 2014 et 2023 ; en 2017 c’est juin qui fut le mois le plus chaud. Des records de chaleur furent atteints à Octeville en mai 2005 (31,5°C le 27), août 2005 (32,3°C le 31), en septembre 2005 (31,0°C le 4), en juin 2006 (31,6°C le 12) et septembre 2006 (31,0°C le 11), en septembre 2009 (30,0°C le 8), en juin 2011 (30,8°C le 26 avec une nuit tropicale à 21,6°C le lendemain), juillet 2012 (30,6°C le 26), août 2012 (31,5°C le 17), juillet 2013 (32,4°C le 21), août 2013 (35,6°C le 1er, juillet 2014 (30,1°C le 17), juin-juillet 2015 (32,3° le 30 juin et 35,5°C le 1er juillet, 31,6° le 16 juillet), août 2015 (31,1°C le 22), juillet 2016 (35,7°C le 19), août 2016 (33,3°C le 23), septembre 2016 (33,1°C le 13), juin 2017 (31°C le 19, 32,7°C le 20 et 31,7° le 21 avec une nuit tropicale à 22,5°C), juillet 2017 (30,7°C le 6 et 32,3°C le 18), juillet 2018 (33,1°C le 26), juin 2019 (36,0°C le 29), juillet 2019 (37,2°C le 23 et 38,9°C le 25), août 2019 (30,1°C le 25).

Si l’on remonte quelques années en arrière dans les relevés du Cap de La Hève, on a atteint 33°C le 25 juin 1976, 32,2°C le 27 et 32,8°C le 28, 34,8°C le 1er juillet 1976 et 34,2°C le lendemain, 32,2°C le 11 juillet 1983, 31,6°C les 21 et 22 juillet 1989, 32,2°C le 21 juillet 1990, 32,0°C le 10 juillet 1995, 31,2°C le 22 juillet 1996, 33,1°C le 26 juin 2001, 31,8¨C le 14 juillet 2003 et 36,3°C le 10 août 2003. Ce mois d’août 2003, qui reste dans l’histoire comme celui de la canicule la plus sévère jamais enregistrée en France, fut marqué par six nuits tropicales durant la première quinzaine ; meurtrière sur le plan national, cette vague de chaleur -à l’origine de la saugrenue « journée de solidarité »- ne semble pas avoir provoqué de surmortalité à Étretat, le nombre de décès de 2003 se situant dans la moyenne de la décennie.

Records mensuels de chaleur et de gelée (données météorologiques des stations du Cap de la Hève pour la période 1976-2004 et du Havre-Octeville pour la période 2005-2024)

On remarquera que depuis 2011, la température de 30° est atteinte voire dépassée chaque année et ce, de plus en plus souvent. En 2019, la température de 40° a été frôlée et il est fort probable qu’elle sera atteinte dans les prochaines années.

Si l’on considère les températures moyennes mensuelles (calculées sur la période 1981-2010), juillet est le mois le plus chaud, suivi d’août et de juin. Juin et juillet comptent le nombre moyen de jours de forte chaleur (plus de 30°C) le plus élevé. Ces fortes chaleurs surviennent entre le 27 mai pour la plus précoce et le 13 septembre pour la plus tardive, mais on peut s’attendre à ce que cette intervalle augmente dans les années à venir. Les mois les plus contrastés sont avril et juin ; les écarts entre les températures maximales et minimales, tant moyennes qu’absolues, y sont les plus importants, ce qui est logique si l’on considère les dates respectives des gelées tardives et des canicules précoces.

Etretat au péril de la mer

Etretat, 18 février.- Ce port, qui depuis quelques années, a successivement été ravagé, soit par les orages ou le débordement de la mer, a encore failli à être englouti le vendredi 12 de ce mois. Pendant la tempête, la mer s’est élevée à une telle hauteur qu’elle a passé en grand pardessus la digue qui nous garantit habituellement de ses invasions : les bateaux se sont brisés les uns contre les autres ; plusieurs, emportés par la violence des vagues, ont franchi les retranchements et sont arrivés au milieu des rues. De vieux bateaux couverts, restés à demeure sur le Perrai, et servant à serrer les objets nécessaires à la pêche, ont été emportés et broyés. La mer était si effrayante, qu’on n’osait fixer son agitation furieuse, et le vent si violent, qu’à peine on pouvait se tenir debout.
L’eau se répandant en abondance dans Etretat, et la quantité en augmentant à chaque vague, gagnait de plus en plus sur la hauteur des maisons, et rendait à chaque instant les désastres plus déplorables. Nombre d’habitans ont failli périr, les uns voulant, au premier moment, tirer leurs barques et leurs bateaux pour les garantir contre les accidens ; d’autres en essayant de sauver leurs effets. C’était une désolation de voir des femmes s’enfuir avec leurs enfans, les malades et les vieillards qu’on emportait à travers les dangers pour les déposer en sûreté.
On ne reconnaît plus notre plage. La mer a tout dégradé ; les cabestans ont été enlevés, ainsi que tout ce qui tenait au service du port.
La perte est considérable ; les charpentiers et les calfats sont demandés de toutes parts pour réparer les bateaux qui, pour la plupart, ont un côté de moins. Plus de 300 personnes sont, en outre, occupées aux réparations du port. Une des choses qui n’est pas la moins embarrassante, c’est de reonnaître les effets et ustensiles des bateaux, tels que mâts, avirons, voiles, ponts, etc., qui ont tous été emportés, mêlés et jettés dans la plus grande confusion : chacun retrouve et reconnaît les siens du mieux qu’il peut.

Journal de Rouen du jeudi 25 février 1808

Par sa position topographique, l’agglomération étretataise est sous la menace d’inondations et de coulées de boue lorsque le bassin-versant de sa vallée est affecté par des pluies violentes et soutenues, particulièrement si ces épisodes surviennent lors de marées hautes de vive-eau car le niveau de base remonte alors et provoque l’engorgement du réseau d’évacuation. Depuis l’inondation d’août 1975, des bassins de rétention ont été creusés en amont d’Étretat pour contrarier le phénomène : à l’est, dans le Petit Val, sur le territoire de la commune de Bordeaux-Saint-Clair et au sud, le long de la route du Havre. L’autre menace vient évidemment de la mer, dont le village n’est protégé que par un cordon de galets et une digue de quelques mètres de haut. Cette protection ne suffit plus lorsque plusieurs facteurs défavorables se conjuguent : le passage de dépressions accompagnées de vents violents soufflant de la Manche -particulièrement du sud-ouest, des marées de fort coefficient et un amaigrissement préalable du cordon de galets (http://www.etretat.carnetsdepolycarpe.com/2020/01/19/etretat-sans-galets/).

Circonstances des inondations subies à Étretat et Fécamp entre 1949 et 1995, in Costa 1998
Nombre de submersions marines recensées par commune entre Le Havre et Cayeux-sur-Mer (1949-2010) in Letortu et al. 2012

Neuf arrêtés de catastrophe naturelle ont été pris pour Étretat en 3 décennies : 3 en 1984-1985, 2 en 1990, 1 en 1995, 2 en 1999, 1 en 2018. Ils concernent des submersions marines ou /et des inondations et coulées de boue (https://www.communes.com/risques-etretat).

  • inondation du 23-24 janvier 1984 ; le dimanche 22 janvier 1984 les vents soufflent d’ouest, avec des rafales à 107,6 km/h et apportent des précipitations (10,9 mm) ; le lendemain, les vents atteignent 137 km/h et les pluies continuent (8,9 mm) ; le 24, il tombe encore 7,9 mm et le maximum de vitesse du vent est atteint avec 144,3 km/h. Bien que le coefficient de marée fût assez bas (75), l’orientation et la force des vents provoquent une submersion marine, d’autant que les galets avaient auparavant migré au pied de la falaise d’Amont sous l’action des  vents, dénudant ainsi la digue ; les caloges et des bateaux sont endommagés, la mer pénètre jusque par la rue Alphonse Karr jusqu’à l’avenue  Georges V (arrêté de catastrophe naturelle  du 11 mai 1984 paru au JO le 24/05/1984, réf 76PREF19840003 dans la base GASPAR) (https://www.youtube.com/watch?v=zCnSNi4Url0)
  • tempête du 22 novembre 1984 ; le mercredi  21, des vents forts venus de SW soufflent sur la côte ; le surlendemain, les rafales de SSW atteignent 122,2 km/h ; la tempête atteint son maximum dans la soirée et la nuit suivante (166 km/h mesuré au Cap de La Hève le 23 à 21h20) (http://tempetes.meteo.fr/IMG/anthemis_pdf/19841123.pdf) ; le 24 les rafales atteignent encore 107,6 km/h ; les vagues projettent des galets sur le front de mer (arrêté de catastrophe naturelle  du 11 janvier 1985 paru au JO le 26/01/1985, réf 76PREF19850008 dans la base GASPAR et arrêté de catastrophe naturelle  du 14 mars 1985 paru au JO le 29/03/1985, réf 76PREF19850058 dans la base GASPAR).
  • tempête du 11-12 février 1990 : après la tempête de fin janvier 1990, une nouvelle tempête baptisée Herta s’est annoncée dès le début de février : les 2 et 3 février 1990, des vents venant du sud-ouest ont soufflé en rafale avec des pointes à 142,4 km/h le 2 et 151,9 km/h le 3 tandis que des pluies modérées tombaient (4 mm en 48 h) ; à partir du 6, les vents, principalement du secteur SW, ont de nouveau soufflé en tempête : rafales à 122,2 km/h le 7 et à 140,8 km/h le 8 ; le samedi 10 février 1990, la pluie recommence à tomber (3 mm dans la journée) et les vents se renforcent, passant progressivement du sud-ouest à l’ouest et atteignant des pointes à 103,5 km/h le 10, 111,1 km/h le dimanche 11 et un maximum de 146,5 km/h le lundi 12 ; Etretat est touché par des vagues de débordement du 11 au 12. Les vents sont encore forts jusqu’au 14 et les pluies sont abondantes du 10 au 15 (40,9 mm au total en 5 jours) (arrêté de catastrophe naturelle  du 16 mars 1990 paru au JO le 23/03/1990, réf 76PREF19900012 dans la base GASPAR). Le dimanche 25, la situation se dégrade de nouveau et une nouvelle tempête, baptisée Viviane, s’annonce : les vents du sud-ouest soufflent jusqu’à 85,2 km/h ; le 26, les pointes atteignent un record de 166,5 km/h ; les 27 et 28, des pluies abondantes tombent (15 mm en 48 h) et les rafales se maintiennent à 148,2 km/h, venant du secteur WSW ; la mer a pénétré dans le village, d’autant que le coefficient de marée était fort (108). Le 1er mars, des rafales à 129,5 km/h sont encore enregistrées tandis que le vent tourne dans plusieurs directions  (arrêté de catastrophe naturelle  du 16 mars 1990 paru au JO le 23/03/1990, réf 76PREF19900013 dans la base GASPAR) (https://twitter.com/i/status/1100307357198897152)
  • inondation du 17 janvier au 5 février 1995 (arrêté de catastrophe naturelle  du 21 février 1995 paru au JO le 24/02/1995, réf 76PREF19950227 dans la base GASPAR). Le mardi 17 janvier 1995, le vent est du secteur sud et souffle avec des rafales de 118 km/h alors que la pluie commence à tomber ; le lendemain le vent tourne au sud-ouest et souffle aussi fort (rafales à 115 km/h) tandis que la pluie tombe encore ; le vent reste fort jusqu’au 29, soufflant toujours du sud-ouest, jusqu’à 133,5 km/h et le total des précipitations du 17 au 29 atteint 148,4 mm.
  • tempête Lothar du 26 décembre 1999 : Les quinze premiers jours de décembre 1999 sont marqués par des vents forts liés à une série de dépressions ; après une légère accalmie, les vents reprennent de la vigueur à partir du mercredi 22 ; la veille de Noël, le vent s’est fixé au SSW et les rafales atteignent 126 km/ au Cap de La Hève, accompagnées de pluies abondantes (26 mm le 24, 27 mm le lendemain) ; les vents, tournant à l’ouest, atteignent leur intensité maximale le 26 avec des rafales à 141 km/h (http://tempetes.meteo.fr/IMG/anthemis_pdf/19991226.pdf). Le calme revient à partir du 28. Cette tempête est couplée à des grandes marées qui amplifient l’effet dévastateur des vagues (arrêté de catastrophe naturelle  du 29 décembre 1999 paru au JO le 30/12/1999, réf 76PREF19990262 dans la base GASPAR et arrêté de catastrophe naturelle  du 7 février 2000 paru au JO le 26/02/2000, réf 76PREF20000062 dans la base GASPAR).
  • tempête de la nuit du 10 au 11 mars 2008 : une dépression se creuse le dimanche 9 mars 2008 et une tempête touche la côte dans la nuit du 10 au 11 mars, durant la pleine mer et pendant une marée de vive-eau ; les vents soufflent du secteur sud-ouest avec des rafales à 137 km/h le lundi 10 au Cap de La Hève ; des vague de 3 à 4 mètres causent des dégâts sur les terrasses du front de mer (Costa et al. 2010). Le vent reste violent  jusqu’au 12.
  • tempête du 8 février 2016 : le dimanche 7 février 2016, une tempête touche la côte avec des vents de SW soufflant jusqu’à 94 km/h. Le lendemain, les rafales venant d’ouest-sud-ouest atteignent 145 km/h, sous la pluie. Les vagues passent au-dessus de la digue et causent des dégâts aux embarcations (https://www.youtube.com/watch?v=6LvU_DROHCo ; https://www.francetvinfo.fr/meteo/tempete/intemperies-des-images-impressionnantes-de-la-tempete_1306474.html)
  • tempête Eleanor du 3 janvier et 4 janvier 2018 : La dernière semaine de décembre est agitée, avec des vents forts et de la pluie ; dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 janvier 2018, la tempête touche la côte (http://tempetes.meteo.fr/IMG/anthemis_pdf/20180103.pdf) ; les vents, venant d’abord du SW, passent à l’ouest  et soufflent avec des rafales à 130 km/h le 3 ; les vagues passent par-dessus le perré en milieu de journée, à l’occasion de marées à fort coefficient. Le lendemain, les rafales atteignent encore 90 km/h (https://www.youtube.com/watch?v=uQwPfdZW0qA ; https://www.youtube.com/watch?v=UkKrQR0A4vo) ( arrêté de reconnaissance de catastrophe naturelle en date du 20 mai 2019 paru au JO le 22/06/2019, réf 76PREF20190026 dans la base GASPAR) (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000038669407&categorieLien=id)
  • tempête Atiyahdu 8 et 9 décembre 2019 : dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 décembre 2019, la tempête atteint la côte ; les vents viennent de SW et soufflent avec des rafales atteignant 110 km/h le 8 et 116 km/h le 9 alors que le vent passe au NNW ; les vagues balayent le perré et causent des dégâts mineurs (https://www.lecourriercauchois.fr/actualite-220175-coupures-d-electricite-arbres-couches-routes-barrees-le-point-sur-la-tempete-en-pays-de-caux) ; quelques jours plus tard, survient la tempête du 13 et 14 décembre 2019 :  le vendredi 13 décembre, les vents soufflent d’ouest-nord-ouest avec des rafales à 112 km/h ; le lendemain, les vents sont de nord et se renforcent à 127 km/h ; le perré est de nouveau sous l’assaut des vagues et la mer pénètre dans la rue Alphonse Karr (https://www.facebook.com/EmissionLaPlaceDuVillage/videos/449107169356730/ ; https://www.infoclimat.fr/photolive-photos-meteo-250222-en-pleine-tempete.html)
  • tempête Ciara du 9 au 10 février 2020 : le dimanche 9 février 2020, la côte est touchée par la tempête ; les vents sont de sud-sud-ouest et atteignent 120 km/h ; les vagues balayent le perré ; le 10, les vents atteignent 126 km/h et le coefficient de marée est de 107 ; les dégâts sont cependant minimes  (https://www.youtube.com/watch?v=VfZ_5Tms9bU ; https://www.youtube.com/watch?v=zqyPM8evaN0)
Outil prédictif des scénarios de submersion établi par Stéphane Costa (1995)

S’il faut en croire l’abbé Cochet et le Dr Aubé, les chroniques médiévales relatent des submersions bien plus dévastatrices, faute d’ouvrage de protection efficace : le 15 mai 1348 « une grande tempête avec trombes sévit dans tout le Pays de Caux et Etretat fut presque entièrement englouti » (Dr Aubé) ; la mer « rompant (les) digues s’est ruée comme une lionne sur des chaumières sans défense et (…) a rempli de stériles galets le lit de la rivière, les jardins des pêcheurs et les champs du labourage » (Cochet 1869). Un demi-siècle plus tard, en mars 1399, Etretat aurait été ruiné par des inondations. Mais c’est encore une cinquantaine d’années plus tard, en 1444, qu’aurait eu lieu la plus violente tempête qu’Etretat ait jamais connue. L’inondation qui l’accompagna aurait englouti toute la population et provoqué la désertion du village. Le 15 janvier 1525 une marée plus forte que les autres accompagnée d’une violente tempête aurait emporté la plupart des cabanes de pêcheurs sur le perré. Faute de citation des sources, ces affirmations doivent être prises avec précaution.

Les épisodes de submersion marine des XIXe et XXe s. sont mieux attestés et documentés. Le 9 décembre 1807, la batterie du centre, qui défendait le village contre les incursions anglaises, subit des dégâts causés par une tempête.  Les 10 et 11 octobre 1810, une tempête provoqua une invasion marine  qui inonda des maisons et gâcha les récoltes stockées dans des granges.

Extrait du Moniteur Universel du 17 février 1807 (source : gallica)

Le 9 décembre 1874, une violente tempête cause des dégâts sur le perré. En 1875 la plage fut de nouveau touchée par la mer.

Dans la nuit du 3 septembre 1903, une tempête éclate et cause d’importants dégâts. Sur la plage, près de 200 cabines de bains sont emportées par la mer. Les bureaux des bains, le magasin des costumes, les deux tremplins et les trois escaliers du casino sont détruits.

« Une tempête affreuse a soufflé cette nuit. (…) Que n’avons-nous été à Étretat cette nuit ! (…) Aujourd’hui Jeanne doit y aller. Je l’accompagne. Les barques des pêcheurs sont tirées dans les rues, et, sur la plage, tout est raflé. La mer, très grosse encore, à présent se retire. Là-bas, du côté du Chaudron, un peuple d’enfants et de femmes recueille les débris des cabines, des planches et des tremplins. »

Septembre 1903, André Gide, Journal, tome I, 1887-1925

Au cours de la semaine du 22 au 26 novembre 1928, une violente tempête s’abat sur le littoral. Le 25 novembre, les ouvrages de défense littorale sont détruits. Plus de 60 m de digues sont emportés devant les Roches Blanches.

Le 23 novembre 1930, à la suite d’une violente tempête, la mer s’engouffre rue Alphonse Karr et dépose des épaves au carrefour de la rue Prosper Brindejont et de la place du Marché.

Le 9 décembre 1957 Étretat est de nouveau inondé par la mer lors d’une tempête. Dix ans plus tard, le 1er novembre 1967, la mer détruit des cabestans, envahit la rue Alphonse Karr et dépose une épaisse couche de galets place du Général de Gaulle.Le 13 janvier 1978 la mer cause des dégâts aux caloges du perré et aux bateaux (http://www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/inondations_historiques_repertoriees_avant_2011.pdf).

Les années mémorables

Outre les épisodes de submersion marine, certaines années ont été marquées à Étretat par des évènements liés à la météorologie. En voici un inventaire couvrant les deux derniers siècles.

  • 1806 : « ravine de la Pentecôte » le 25 mai (coulée boueuse provoquée par une trombe d’eau qui s’est abattue sur le Petit Val)
  • 1807 : inondation le 6 février, causée par de fortes pluies
  • 1812 : « ravine » du 25 au 26 février
  • 1820 : inondation en janvier, à la suite d’un dégel brutal ; la même année fut décidée la construction d’un canal éclusé partant d’un bassin situé à l’emplacement de l’actuelle place du Marché et débouchant sur la plage
Plan dressé par Frissard montrant l’étendue de l’inondation de 1820 (modifié)
  • 1823 : inondation due au dégel
  • 1825 : inondation due au dégel
  • 1842 : coulée boueuse le 23 septembre 1842, provenant du Petit Val et causée par un violent orage (quatre victimes, village totalement inondé)
  • 1860 : inondation le 15 mai par ruissellement depuis le Petit Val et la Côte du Mont
  • 1863 : inondation en juillet
  • 1865 : inondation en octobre ; un tunnel long de 600 m, destiné à dériver les eaux de ruissellement du Petit-Val vers la mer, est percé en 1867
  • 1965 : coulée boueuse le 7 juin
  • 1975 : coulée boueuse le 8 août (une victime et dégâts importants) ; le tunnel du Petit-Val est obstrué par un véhicule charrié par un torrent de boue
  • 1976 : sècheresse de mai à juillet
  • 1979 : hiver rigoureux (36 jours avec gel de novembre 1978 à février 1979)
  • 1985 : hiver très rigoureux (35 jours de gel entre décembre 1984 et mars 1985, record de froid en janvier)
  • 1987 : hiver très rigoureux (39 jours de gel entre janvier et mars)
  • 1996 : hiver rigoureux (35 jours de gel entre novembre 1995 et mars 1996)
  • 1999 : éclipse totale de soleil le 11 août (https://www.youtube.com/watch?v=EVrFU63TTG0) ; bien que l’évènement ne fût pas de nature climatique, il offrit un spectacle naturel frappant à la foule venu se presser sur les falaises comme à un festival rock ; voir le film documentaire d’Ariane Doublet, Les Terriens, 1999, 81 mn
  • 2003 : canicule en août
  • 2005 : neige en fin d’année (http://www.etretat.carnetsdepolycarpe.com/2020/01/19/2005-etretat-sous-la-neige/)
  • 2006 : canicule en juillet
  • 2019 : canicule en juin et juillet

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