Maisons de confiance : familles de commerçants et artisans

Certains patronymes étretatais sont irrémédiablement associés à certaines professions, parce que les fils, naguère, reprenaient le plus souvent le métier de leur père. L’ancienneté de l’expérience étant associée en général à la qualité du travail dans l’esprit des consommateurs, la pérennité des dynasties de commerçants et d’artisans offrait à la clientèle un gage de sérieux.

Naissance et développement des enseignes familiales étretataises

C’est surtout dans le premier quart du XIXe s. que se sont créés à Étretat des commerces et des petites entreprises artisanales qui se sont transmis de génération en génération pendant parfois plus d’un siècle. La plupart des habitants d’Étretat se consacrant à la pêche de père en fils, c’est des villages alentours, pour l’essentiel, que sont venus ces entrepreneurs, attirés, à partir des années 1840, par la croissance du marché local sous l’impulsion du tourisme : il fallait assurer l’alimentation des visiteurs et de leur personnel, répondre à la demande de construction des hôtels et des villas, pourvoir à l’entretien des bâtiments. De nouvelles familles s’installent ainsi dans le village et vont y faire souche ; ces nouveaux arrivants, partis des villages du plateau cauchois (Bénouville, Bordeaux-Saint-Clair, Le Tilleul, Criquetot-l’Esneval, La Poterie, etc.) étaient appelés les « T’chendus » -littéralement « Descendus »- par les étretatais de la vallée. Les recensements de population, établis en 1841 (http://www.etretat.carnetsdepolycarpe.com/2020/05/24/les-premiers-recensements-de-la-population-etretataise/) et les registres d’état-civil permettent de suivre ces sagas familiales. La force du besoin individuel de transmettre et de pérenniser s’exprime non seulement par la continuité des métiers d’une génération à l’autre mais aussi, de façon frappante, par la duplication des prénoms de père à fils.

Annonces publicitaires parues dans le livret de la revue « En villégiature » de René Tonnetot (1933)

Jeanne, une dynastie de plombiers et de couvreurs venus du Cotentin

Jacques François JEANNE, né à Chérencé-le-Héron près de Villedieu-les-Poêles, quitta dans les années 1840 sa Manche natale et s’installa à Étretat avec sa première épouse. Fils d’un marchand chaudronnier et originaire d’une région spécialisée dès le XIVe siècle dans la dinanderie et la poêlerie, il était lui-même chaudronnier « ferblantier »  de son état ; le terme désignait, au XIXe siècle, les ouvriers qui travaillaient et commercialisaient le fer-blanc, ce qui englobait les couvreurs-zingueurs. François avait pour apprentis, en 1846, Honoré Jeanne (probablement son frère ou son neveu), qui était de quinze ans son cadet et un certain Victor Leprévôt, âgé de 15 ans. En 1851 son apprenti était un garçon de 13 ans, Louis Chauvel. Cinq ans plus tard, ses apprentis avaient pour nom Amand Émile de Saint Nicolas (un parent, natif de Chérencé-le-Héron) et Pascal Prévost. En 1861, il emploie son beau-frère (Frédéric Huard, originaire de la même région, qui s’installera à son compte par la suite) et un apprenti (Aldéric François Chauvet). En 1866, Jacques François n’a plus d’ouvrier mais ses deux fils, Paul François et Émile Jean, âgés respectivement de 16 et 14 ans, sont ses apprentis. En 1876 et 1881 les recensements le logent dans la rue Alphonse Karr, à quelques maisons de son ancien apprenti, Frédéric Huard.

En 1881 et 1891 on retrouve son Émile installé comme ferblantier rue Notre-Dame (avant qu’il ne déménage rue Monge et ne devienne fabricant de parapluies), alors qu’un autre fils, Jules François, né d’un second mariage, reprend à la mort de son père la maison de la rue Alphonse Karr. Ce dernier épousa la fille du charpentier Chambrelan et exerça les fonctions d’adjoint au maire d’Étretat ; surnommé l’Empereur, c’était cependant un militant républicain (Lindon 1963, p. 115). Les travaux de plomberie de la villa la Guillette furent confiés par Maupassant à la maison Jeanne (Correspondance de Maupassant, t. II, p. 213 et Artinian 1951, p. 79). Plusieurs enfants de Jules François poursuivirent la tradition familiale : François René, ouvrier plombier, qui fut tué en 1914, (http://www.etretat.carnetsdepolycarpe.com/2020/05/20/graves-dans-la-pierre-les-monuments-aux-morts-etretatais/), Paul Émile, ouvrier plombier domicilié rue Isabey, décédé en 1949, Georges Gaston, ouvrier couvreur, tué en 1916 et Maxime Gabriel, couvreur plombier domicilié rue Alphonse Karr, décédé en 1944. A la quatrième génération, René Émile continua l’entreprise de plomberie de la rue Alphonse Karr jusque dans les années 1960 tandis que Marcelle Marie Isilda, épouse de Roger DUCLOS (un ancien employé de Maxime Jeanne), s’occupait de l’entreprise de la rue Notre-Dame aux côtés de son mari.

Généalogie des Jeanne

L’entreprise de la rue Notre-Dame fut reprise par Hugues Bunel jusqu’au départ de ce dernier dans les années 2010.

Papier à en-tête d’Emile Jeanne, couvreur-plombier rue Notre-Dame ; dans les années 1920 la raison sociale de l’établissement, situé 39 rue Isabey (atelier) et 55 rue Notre-Dame (bureaux), devient « Jeanne-Ledentu » sous la direction de Paul Jeanne, époux Ledentu (1887-1949), puis « Jeanne-Duclos » sous la direction de Roger Duclos dans les années 1950.
Publicité de 1933 pour la maison de la rue Notre-Dame
Papiers à en-tête successifs de François Jeanne, couvreur-plombier-zingueur Grande Rue (rue Alphonse Karr) dans les années 1870-1900 ; dans l’après-guerre, la maison de la rue Mathurin-Lenormand (ateliers) et du 17 rue Alphonse-Karr (bureaux) s’appelle « Jeanne-Brulin », sous la direction de René Jeanne, époux Brulin (1913-1967).
Publicité de 1933 pour la maison de la rue Alphonse Karr

Une famille de maçons : Aubert père et fils

François Isidore AUBERT, né à La Poterie en 1831, était le fils d’un ancien canonnier garde-côte du Premier Empire qui avait été réquisitionné pour prévenir les débarquements ennemis à Etretat. Il fut maçon au Havre avant d’épouser une étretataise en 1855. Il s’établit alors à Étretat où il mourut en 1903, rue Guy de Maupassant. Son fils aîné, prénommé Sénateur François (1858-1939), continua l’entreprise de maçonnerie, établie 20 rue Notre-Dame, puis 2 rue du Bec-Castel. Il épousa en 1884 la fille d’un maçon nommé Henry si bien que l’entreprise porta jusqu’en 1902 le nom d’AUBERT HENRY. Deux autres fils de François Isidore étaient également maçons : Achille Léon, né en 1866, domicilié rue Guy de Maupassant, qui travaillait pour diverses entreprises et Henri Léon, né en 1875, qui travaillait pour l’entreprise Aubert-Henry.

Les autres fils de Jean Baptiste Aubert initièrent une lignée de cordonniers sur trois générations (voir plus loin).

Généalogie des Aubert

Les familles de menuisiers

Les Fauvel : du Tilleul à Étretat

Adrien Guillaume Rémi FAUVEL était un marin, natif du Tilleul et installé à Étretat, qui mourut en 1814 au large du Cap Vert, tué par un boulet de canon tiré par une frégate anglaise alors qu’il se trouvait à bord de la frégate l’Etoile. Un de ses fils, Victor Martin, s’établit comme menuisier et épousa une Vallin en 1830. L’année suivante naquit dans le couple un fils qui fut prénommé Victor Hippolyte ; celui–ci se retrouva assez vite orphelin car Victor père mourut sept ans après le mariage, à seulement 34 ans.

Le jeune Victor devint à son tour menuisier ; à l’âge de 20 ans il est déjà établi chemin du Centre (la future rue Alphonse Karr) et il emploie un ouvrier, Claude Courvoisier. En 1852 il épouse Elisabeth Célina Barrey, la fille d’un autre menuisier étretatais, prénommé Philippe Lucien (voir plus loin). Le couple est prolifique : cinq garçons et sept filles naissent entre 1853 et 1877. Le fils aîné, troisième Victor du nom, travaille avec son père comme menuisier dès l’âge de 15 ans ; un fils cadet, Gaston Achille, devient également menuisier et travaille pour l’entreprise Touzet, puis pour l’entreprise Liberge, tandis qu’une des filles épouse un menuisier fécampois.

Généalogie des Fauvel

Les Barrey : de Bordeaux-Saint-Clair à Étretat

Chez les BARREY, le fondateur de la dynastie des menuisiers se prénomme Philippe Lucien. Il est né en 1805 à Étretat où son père, venu de Bordeaux-Saint-Clair, s’était installé sous le Premier Empire. Il commence son activité de menuisier dès avant 1831. En 1876 deux de ses fils, Achille et François, travaillent avec lui route de Criquetot tandis qu’un fils aîné, Victor Évode, s’installe route de Fécamp. Par la suite Achille abandonne la menuiserie et ouvre une épicerie, tandis qu’Évode continue l’activité paternelle, avec son fils Eugène Victor Évode. En 1921, celui-ci reprend le flambeau, assisté de son fils Henri.

Généalogie des Barrey

Evode Barrey était le beau-frère de deux autres menuisiers : Victor Fauvel, dont on a parlé plus haut, et Louis André Dupéroux. Ce dernier était un ébéniste originaire de Nérondes dans le Cher qui effectuait son tour de France et s’arrêta à Étretat où il épousa la fille de son patron. Les talents d’artisan d’André Louis Dupéroux furent mis à contribution par Guy de Maupassant pour la confection du portail de sa villa la Guillette, pour l’aménagement d’une caloge dans le parc et pour l’organisation de la grande fête qu’il y offrit en 1889 (Lanoux 1967, p. 156, Lindon MacKenzie 1993, p. 22) ; l’écrivain l’appelait par erreur Despéroux (Correspondance de Maupassant, t. III, p. 115).

Les Goument : d’Anglesqueville à Étretat

Noël Jean GOUMENT est né en 1743 à Anglesqueville-l’Esneval, village qu’il quitte pour Étretat où il exerce le métier de menuisier et se marie en 1766. Son fils aîné Jean Louis, né un an après le mariage, est menuisier à son tour comme le fils puîné, Michel Florentin, domicilié route de Notre-Dame. A la troisième génération, Michel Adolphe, fils du précédent, est menuisier durant la Monarchie de Juillet, la Seconde République et le Second Empire. Cette dynastie de menuisiers s’interrompt  avec son décès.

Les Lemonnier : cordiers, mais pas que…

Au XVIIIe siècle, les LEMONNIER étaient nombreux à Étretat. Les hommes étaient tous marins, sauf l’un d’entre eux, Jean Lemonnier, né en 1729, qui exerçait la profession de toilier. Dans sa descendance, il y eut encore des marins, mais aussi de nombreux artisans. Beaucoup furent cordiers, de père en fils, et jusque dans l’entre-deux-guerres ; on comprend aisément l’importance de cette activité dans un port où les besoins étaient nombreux tant pour les embarcations et les cabestans que pour les filets de pêche. Le premier Lemonnier à devenir menuisier fut Auguste Florentin, dans les années 1820. Deux décennies plus tard, deux de ses neveux se lancent dans la même activité : Jean Louis (né en 1828) et Louis Victor (né en 1830). Lorsque débute le Second Empire, et qu’Étretat devient un lieu de villégiature, Les Lemonnier sont désormais trois à exercer ce métier : Jean Louis a disparu mais Louis Victor a deux nouveaux collègues : son frère Zéphir, né en 1832 et son cousin Benoît (un frère de Jean Louis, né en 1831). Un quart de siècle plus tard, en 1876, ils sont quatre menuisiers : Louis Victor, domicilié rue du Havre, Benoît, domicilié rue Notre-Dame, son frère puîné Anthime (né en 1837), domicilié rue de la Mer et son frère benjamin Florentin (né en 1842), domicilié rue Notre-Dame. Au début du XXe s., ne reste que Florentin, assisté de son fils Auguste. Entre les deux-guerres, les Lemonnier sont de nouveau quatre à exercer le métier à Étretat : Auguste est toujours rue Notre-Dame ; son cousin Edmond (fils d’Anthime) réside rue de l’abbé Cochet et il emploie son fils Jean (né en 1895). Le quatrième Lemonnier menuisier, Paul, né en 1879 et installé rue Isabey, est un descendant de Jean le toilier ; c’est donc un cousin au 7e degré de Jean le menuisier. Ce dernier s’installe rue Monge dans les années 1920.

Généalogie des Lemonnier
Dans les années 1870-1890, Benoît Lemonnier était entrepreneur de menuiserie 63 rue Notre-Dame, associé à son gendre Ernest Vallin dans les années 1880, tandis qu’Edmond Lemonnier avait son entreprise de menuiserie 10 rue de l’Abbé Cochet dans les années 1890-1910
Jules Léon Lemonnier, frère de deux menuisiers (Henri Eugène, installé au Havre et Paul) épousa la fille d’un peintre en bâtiment natif de Fécamp et reprit l’entreprise de peinture de son beau-père

Si j’étais un charpentier : les Chambrelan, de Bordeaux-Saint-Clair à Paris

François Aimable CHAMBRELAN est né à Bordeaux-Saint-Clair sous Napoléon Ier. Il s’est marié à une étretataise et, en 1831, s’est installé à Étretat, où il fut d’abord cultivateur. En 1844 il ajoute à cette activité celle de charpentier ; son fils aîné Jacques Aimable, qui est né au Tilleul, est d’abord tisserand puis il devient charpentier auprès de son père vers 1850. En 1876 Jacques Aimable est installé rue de la Tour ; il emploie alors comme ouvrier son fils aîné François Henri Léon, qui est âgé de 15 ans, et comme apprenti son fils cadet Louis Edmond, âgé de 14 ans. A la même époque le frère cadet de Jacques Aimable, Alphonse Ovide, est également charpentier et domicilié rue du Bec.

Un quart de siècle plus tard, Léon reste le seul charpentier de la famille, rue Isabey ; son frère cadet Edmond est devenu couvreur dans l’entreprise Enz tandis qu’un frère puîné, Eugène, est menuisier dans l’entreprise Dupéroux, puis, plus tard, dans l’entreprise Liberge et que le benjamin, Emile, est fumiste dans l’entreprise Jeanne.

Généalogie des Chambrelan

La maréchalerie et la serrurerie

Les Hamel aiment le métal

Pendant presqu’un siècle, du Premier Empire jusqu’à l’entre-deux-guerres, il y eut à Étretat des maréchaux-ferrants qui appartenaient à la même famille, celle des HAMEL. Le fondateur de cette dynastie est Louis Hamel, né à Villainville à la veille de la Révolution française, qui s’installe à Étretat sous le règne de Napoléon Ier. Ses trois fils sont à leur tour maréchaux-ferrants. L’aîné, Ulysse, voit ses deux fils, Émile et Louis, lui succéder. En 1891 Louis emploie quatre ouvriers et un apprenti, rue Anicet Bourgeois. A la quatrième génération les deux fils d’Émile sont encore maréchaux-ferrants, leur mère ayant repris les rênes de l’entreprise après la mort de son époux.

Le métier ne comprenait pas que le ferrage des chevaux, il incluait aussi une activité de charronnage (entretien des charrettes et des engins agricoles) et de forge qui prit de plus en plus d’importance avec l’éclipse du cheval ; la ferronnerie et la serrurerie se substituèrent aux travaux d’entretien générés par l’utilisation du cheval dans les transports et la traction.

Le dernier représentant de cette lignée est Émile Hamel junior, né en 1876 ; en 1901 il exerce encore le métier de maréchal-ferrant mais après la première Guerre Mondiale il devient mécanicien et travaille pour le garage Enz.

Généalogie des Hamel
A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, Emile Ulysse Hamel (1876-1942), héritier d’une longue lignée de maréchaux-ferrants, était serrurier-maréchal, installé rue Notre-Dame

Les Hantier : une famille venue de Saint-Jouin

Il y avait une autre famille de maréchaux-ferrants à Étretat, celle des HANTIER. Le premier se prénommait Henry Sébastien et vivait à la fin du XVIIIe s à Saint-Jouin où il exerçait son métier. Son fils Pierre Victor, né en 1794 à Saint-Jouin, est également maréchal ; il se marie en 1817 à Étretat et s’y installe. Ses quatre fils Pierre Victor, né en 1820, Jean Zéphyr, né en 1824, Tranquille Anthime, né en 1831, et Benoît Eugène, né en 1834, continuent le métier au mitan du XIXe s. En 1866 Eugène est installé rue de Paris (la future rue Alphonse Karr) et emploie un ouvrier de nationalité suisse, Joseph Pia ; il compte parmi ses voisins François Jeanne le ferblantier, Eugène Maubert le boulanger, Alexis Paumelle le mercier, Adolphe Dajon le boucher, Eugène Hautot le menuisier, Cyprien Ouf le tailleur.

Du goût pour la peinture

Barbey : la peinture vient de Fécamp

Né à Fécamp comme son confrère Félix Alphonse Palfray (le beau-père de Léon Lemonnier, voir plus haut), Louis Charles André BARBEY s’installe en 1873 à Etretat comme peintre en bâtiment. Ses fils Joseph Émile Jean-Baptiste, né l’année suivante, et Henri Louis, né en 1879, travaillent avec lui entre la fin du XIXe s. et le début du siècle dernier. Joseph meurt jeune, en 1906. Son frère Henri est employé par l’entreprise Chambrelan entre les deux-guerres et meurt célibataire en 1934.

Papier à en-tête de Louis Barbey (1848-1914), peintre en bâtiment, rue de la Tour (rue Prosper-Brindejont) puis 17 rue de la Valette (rue Adolphe-Boissaye) ; le magasin de la rue Adolphe-Boissaye (« A la carte postale ») est visible sur une carte postale du début du siècle (Thomas 1985, p. 43) ; c‘est aujourd’hui le café Le Bistretatais

Les Duchemin font tapisserie

Les DUCHEMIN qui furent tapissiers appartiennent à deux lignées différentes, l’une autochtone, l’autre originaire de la région de Criquetot. Les deux dynasties furent cependant éphémères.

Le plus ancien est François Jean Duchemin (dit Gaillard), né à Étretat en 1763 et mort en 1800, qui est marchand de fil. Son fils benjamin Pierre François Duchemin (1797-1880) est d’abord cordier, puis bourrelier dans les années 1840-1850. Il n’eut pas de successeur. Arthur François Mathieu Duchemin, lui, est né à Criquetot-l’Esneval en 1868, d’un père journalier ; ses parents s’installent à Étretat où naissent ses frères et sœurs ; il y devient tapissier, rue Isabey ; son fils Maurice Arthr Louis travaille avec lui dans l’entre-deux-guerres puis lui succède.

Papier à en-tête de Maurice Duchemin, tapissier installé 4 rue Isabey

Chaussure à son pied

Deux familles de cordonniers : Aubert et Scavini

On a vu plus haut que deux fils de Jean Baptiste AUBERT, nés d’un premier lit, devinrent cordonniers dans la première moitié du XIXe s. ; l’aîné, Martin Paul, eut également deux enfants cordonniers : Paul Isidore et Léon Joseph. Le premier eut a son tour deux enfants : Paul Joseph, cordonnier comme son père et son grand-père, domicilié 9 rue Anicet-Bourgeois en 1901, et Marie Pauline Anastasie, qui épousa Louis Séraphin François Scavini, cordonnier né à Etretat mais issu d’une lignée de cordonniers du nord de l’Italie. Le fondateur de la branche étretataise, Jean Baptiste SCAVINI, vit son atelier de bottier prospérer grâce à la vogue de la station balnéaire dans les années 1860-1880 ; on le retrouve domicilié rue  Alphonse Karr lors des recensements de 1881, 1891 et 1901. Associé à son gendre Jean Marie Ducerf, il fonda une succursale parisienne, 21 rue Cambon, proposant une marque de chaussures de luxe (Ducerf-Scavini) qui connut une grande vogue avant de disparaître en 1936, rachetéé par le styliste André Perugia (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Ducerf-Scavini). Outre Louis Séraphin François, déjà cité, un autre fils de Jean Baptiste (Armand Adrien René) était également cordonnier ; tous deux travaillaient avec leur père. Le nom de Scavini est aujourd’hui représenté dans le domaine de la mode par le tailleur parisien Julien Scavini, blogueur et chroniqueur au Figaro magazine (http://www.scavini.fr/ ; https://stiff-collar.com/ ; https://www.bonnegueule.fr/interview-dun-tailleur-julien-scavini-part-i/).

Généalogie des Scavini

Leleu : cordonnier de père en fils depuis le XVIIIe s.

Avec les LELEU, nous avons affaire à une des plus anciennes dynasties d’artisans étretatais. Le premier dont nous avons la trace, Jean Leleu, est né à la fin du XVIIe s. Ses deux fils, Jean et Charles, sont cordonniers comme papa. L’aîné a deux fils à son tour, qui transmettent le métier sur les deux et même trois générations suivantes. Le recensement de 1851 nous apprend que Jean Baptiste Leleu fils était borgne, peut-être à la suite d’un accident de travail ? On sait que c’est à cause d’une alène de bourrelier que Louis Braille perdit la vue.

Généalogie des Leleu

La confection

Les Duparq : trois générations de tailleurs

Pierre DUPARQ est déjà tailleur lorsqu’il arrive à Étretat au milieu du XVIIIe s., venant probablement de Criquetot-l’Esneval. Son fils Pierre Félix, né à Etretat en 1757, est d’abord marchand laboureur, puis marchand drapier. Son fils cadet, Auguste, est tailleur durant toute la première moitié du XIXe s.

Généalogie des Duparq

Les Hauville : un nom venu de La Poterie

Jacques HAUVILLE était laboureur à La Poterie ; dans les années 1770, il s’installa avec sa famille à Etretat où son patronyme s’est considérablement répandu au XIXe s. grâce à sa nombreuse descendance. Jacques était cultivateur mais aussi mareyeur. Ses fils pratiquèrent aussi cette double activité. Dans leur descendance, on compte trois tailleurs, descendant chacun d’un des fils de Jacques Hauville. Les premiers, Sénateur Flavien et Jean Anthime, sont deux frères qui exerçaient dans les années 1830-1840. Il fallut attendre deux générations pour retrouver des tailleurs d’habits chez les Hauville : Henri a son atelier rue Notre-Dame dès les années 1870.

Généalogie des Hauville

Une autre activité pratiquée par les Hauville, souvent en complément du travail de la terre, et ce sur au moins deux générations, est celle de voiturier ou conducteur de voiture : ils sont cinq dans cette branche au recensement de 1851 (Benoît Tranquille, Louis Georges et son fils Louis Bernard, Frédéric et Pierre Romain).

Lebaillif : tailleurs par intermittence

Les LEBAILLIF figurent parmi les plus anciens tailleurs d’habits ayant exercé à Étretat. Le fondateur de la lignée est Martin Lebaillif, qui est originaire de la paroisse du Tilleul. Il se marie à Étretat en 1774 ; son fils aîné, Martin, est également tailleur, comme deux des petits-enfants, Martin François (né en 1766) et Pierre Prosper (né en 1867), qui ont cependant abandonné le métier assez tôt. En 1841, 1846 et 1851, les tailleurs recensés appartiennent aux seules familles Hauville, Ouf, Maubert, Duparq et Paumelle. Il faut attendre 1876 pour retrouver un Lebaillif tailleur d’habits : Alexandre, qui est un petit-neveu de Martin et de Prosper.

Généalogie des Lebaillif

Ouf : quatre générations de tailleurs

Charles Cyprien OUF était un marchand tailleur né à Gonneville-la-Mallet sous la Révolution française. Sous la Restauration, il s’installe avec sa famille à Étretat. Son fils aîné, Pierre Cyprien, naît à Étretat. Dès avant l’âge de 20 ans, il devient tailleur à son tour ; en 1851 il habite rue de la Tour tandis que son père réside chemin du Centre. Vingt-cinq ans plus tard, il a pour aide son fils Fernand Anthime, alors âgé de 21 ans et comme apprenti son fils Gaston, 14 ans ; sa femme et ses filles (Marie et Cécile) sont couturières. En 1891, alors que Cyprien s’est retiré et mène une vie de rentier, Fernand est tailleur d’habits rue Notre-Dame. En 1901 il est domicilié place Victor Hugo et emploie son fils Fernand Cyprien (15 ans) comme apprenti.

Généalogie des Ouf

L’horticulture

Venus de l’autre côté de l’eau, les Tonnetot

Les TONNETOT s’installent assez tôt à Etretat mais ce n’est que dans le dernier quart du XIXe s. qu’ils se tournent vers le maraîchage, probablement poussés par l’éclosion d’un marché prometteur. Jusque vers le milieu du XIXe s., les besoins en légumes de la population étaient assurés par l’autosubsistance.

« Mais, heureusement, nous avions fait des pommes de terre dans la terre de la mère de mon mari ; elle n’avait pas pu la charger cette année-là (…) Nous en recueillîmes vingt-cinq boisseaux ; nous en mangeâmes vingt-trois, à cinq que nous étions (…). »

Alphonse Karr : Histoire de Rose et de Jean Duchemin, 1850 (Rose parle dans ce passage de l’année 1818)

La clientèle des hôtels et les occupants des villas, accompagnés de leur personnel, entraînèrent un besoin supplémentaire en légumes frais que ne pouvait probablement pas satisfaire une pratique maraîchère à temps partiel. Les premiers « jardiniers » recensés à Étretat (en 1841) sont Jacques Horlaville et Pierre Jean Barrey (1803-1865). Le premier, né à Bénouville, avait été marin ; le second, frère du menuisier que nous avons évoqué plus haut, avait d’abord été tisserand. En 1851, deux autres individus  vinrent s’ajouter aux précédents : Louis Fauvel (toilier et tisserand à l’origine, également natif de Bénouville) et Benoît Mallet (né en 1815 à Fécamp). En 1876, le nombre de jardiniers recensés explose, passant à 27, sans compter les sept enfants qui travaillent avec leur père. Seuls quatre jardiniers sont natifs d’Etretat, les autres viennent de communes proches (Bordeaux-Saint-Clair, Criquetot-l’Esneval, La Poterie, Fécamp, etc.) ou plus lointaines (Pont-de l’Arche, Amiens et même Tarbes). Il y eut même, en 1866, un jardinier bavarois, du nom de Kaop.

C’est à peu près à cette époque que le nom de Tonnetot commence à être associé à cette activité, et pour une durée d’un siècle. L’origine de la famille est dans le Calvados : c’est précisément de Villerville, entre Honfleur et Deauville, qu’est parti Louis Tonnetot pour s’installer à Étretat où sa sœur était arrivée vers 1812. Louis était tisserand ; il devint commissionnaire pour la fabrique. Ses deux fils sont l’un tisserand, l’autre apprenti cordonnier avant de se lancer dans la production et la vente de fruits et légumes. En 1876, ils sont trois Tonnetot dans ce secteur d’activité : Alphonse Saturnin est marchand fruitier rue de la Tour, son frère Louis Théodule est jardinier dans le Petit Val (aidé par deux de ses fils) et le fils cadet de ce dernier est jardinier, domicilié rue de la Tour. Vingt-cinq ans plus tard, les trois fils de Louis Théodule sont tous installés dans le Petit Val. Le dernier représentant de la dynastie est Jean Tonnetot, dont les serres se trouvaient encore dans le Petit-Val dans les années 1970.

Généalogie des Tonnetot

Les Paumelle : des épiciers, mais pas que…

Le foyer d’origine des PAUMELLE se situe entre Bordeaux-Saint-Clair et Bénouville. Un des premiers d’entre eux à s’installer à Etretat, François, est né à Saint-Clair en 1754 ; c’est un marchand, qui se marie à Etretat en 1779 avec une Vatinel. Plusieurs de ses enfants sont marins, les autres sont marchands et épiciers, comme Jean François (né en 1784) et Pierre Benoît (né en 1796, demeurant chemin Triangulaire au recensement de 1841). Le fils aîné du premier, prénommé comme son père, est marchand tandis que trois des enfants de Pierre Benoît sont également commerçants : Pierre Jules (épicier avec son père en 1841 puis marchand épicier et mercier rue de la Valette –rue Adolphe Boissaye- en 1861 et 1876), François Gervais (cafetier, domicilié route du Havre en 1861), Protais (garde-maritime puis épicier) et Léon Paul (boucher, domicilié rue Notre-Dame en 1861). Un fils de François Gervais, Robert Henri Paumelle, né en 1857, devient charpentier de navire ; son fils Gervais Félix, né en 1875, fut également charpentier de marine.

Papier à en-tête de Gervais Paumelle (1879-1958), charpentier de marine vers 1900, établi rue Anicet-Bourgeois ; son père, Robert Henri, et son aïeul maternel, Joseph Arthur Vatinel, étaient eux-mêmes charpentiers de marine, comme un de ses bisaïeux. Le chantier naval fut repris par un Auvray.

Jean François Paumelle junior, le petit-fils de François et de Françoise Vatinel, est la personnalité la plus marquante de la lignée, par sa longévité et sa place dans la société étretataise : déjà mentionné comme marchand épicier chemin du Centre –rue Alphonse Karr- en 1841, on le retrouve comme marchand mercier en 1846, 1851, 1856 et 1861. Il fut président de la fabrique et conseiller municipal ; il fit construire en 1860 la villa Madeleine, rue Isabey ; « les veuves, les orphelins et les marins pauvres se sont souvenus, toujours, des bienfaits dont il les comblait, alors qu’il faisait partie du bureau de bienfaisance » (Parmentier 1890, p. 319-320) ; en revanche Guy de Maupassant, qui fit partie de sa clientèle, se montra mécontent de ses services (correspondance, in Artinian 1951). Ses fils, Eugène François (né en 1833) et Alexis Placide (né en 1840) furent tous deux marchands de nouveautés. Le fils d’Eugène, François Alexandre, fut crémier et sa boutique dénommée « la Laiterie des Fermiers Réunis du Tilleul » était située, dans l’entre-deux-guerres, au n° 45 de la rue Alphonse-Karr, entre la pâtisserie Lecoeur et l’entreprise de peinture Delamare (Thomas 1985, p. 33). C’est aujourd’hui l’atelier Wilfrid Vanheeckhoet.

C’est chez un Paumelle, épicier rue de Mer, qu’on mit au jour en 1835 une portion de voie romaine à deux mètres de profondeur, en creusant un puits (Lindon 1963, p. 13).

Généalogie des Paumelle

La boucherie

De la boucherie à l’épicerie : les Dajon

La tradition bouchère est ancienne dans la famille DAJON ; Nicolas Augustin était boucher à Saint-Jouin à la veille de la Révolution. Son fils Nicolas, né dans cette commune, se maria à Étretat sous le Premier Empire et y exerça la profession de boucher jusqu’à sa mort au milieu du XIXe s. Son fils Théodore Adolphe devint boucher à Bordeaux-Saint-Clair. C’est là que naquit Adolphe Frédéric, qui vient exercer le métier de boucher à Étretat sous le Second Empire, avant de mourir prématurément. Son fils Adolphe Gustave mit fin à la lignée des bouchers en choisissant l’épicerie. Sa boutique était située rue du Marché ; après sa mort, en 1930, ses enfants prirent la suite jusque durant l’après-guerre.

« Anastasia se revoyait, allant échanger ses petites pièces de monnaie contre des friandises à l’épicerie Dajon, encore située au centre d’Etretat dans les années cinquante. Tous les autochtones se souvenaient qu’elle était tenue par Adolphe et ses trois sœurs Marguerite, Thérèse et Marie, tous quatre célibataires endurcis. Cette boutique avait gardé l’atmosphère des échoppes d’antan. Sur le comptoir étaient disposés des bocaux regorgeant de bonbons acidulés de toutes les couleurs. Adolphe ou Marguerite la servait avec une patience extrême. Elle hésitait entre la grosse fraise rouge et sa feuille verte en guimauve et la torsade de réglisse, prenait un cornet de violettes en sucre, trois souris en nougatine, une boule de meringue en coco. De chaque côté du magasin, des sacs de café, de farine, de pois, de haricots secs jonchaient le sol. »

Annie Lemaistre, Un Amour pour Etretat, IB Impressions, Dieppe, 2003, p. 8.

Vimont : les frères bouchers

François Augustin VIMONT est originaire d’Écrainville. Il est déjà charcutier lorsqu’il se marie à Criquetot-l’Esneval avant de s’installer à Étretat sous le Second Empire. Parmi sa nombreuse progéniture, cinq garçons suivent la voie paternelle.

La boucherie Vimont, transmise sur trois générations, se trouvait au 23 de la rue Alphonse-Karr, à l’angle de la rue Anicet-Bourgeois. C’est actuellement la boucherie Hélin.

Généalogie des Vimont
La boucherie Vimont à l’angle de la rue Alphonse Karr et de la rue Anicet-Bourgeois

La boulangerie

Maubert : les boulangers du XVIIIe

Il faut remonter au milieu du XVIIIe s. pour retrouver l’origine de la tradition boulangère chez les MAUBERT : c’est Pierre, né à Étretat en 1709, qui est le premier représentant identifié. Son fils Jean Baptiste prend la relève jusqu’à la Révolution. C’est ensuite Pierre Jean, le fils aîné de Jean Baptiste, qui continue l’activité.  A la quatrième génération, Pierre Eustache, domicilié chemin de Fécamp, est boulanger tout comme son frère Jacques Germain, logé chemin du Centre (la future rue Alphonse Karr), tandis que les autres frères se tournent vers le commerce. A la génération suivante, c’est un neveu des précédents, Eugène Adolphe, qui continue la boulangerie ; à sa mort, en 1889, le fonds est repris par son épouse, Rose Vallin.

Généalogie des Maubert

Hébert, tous boulangers

Charles Frédéric et Prudence Ernest HÉBERT étaient deux frères jumeaux, nés à Mannevillette, à une quinzaine de kilomètres d’Étretat. Ils étaient fils de cultivateur. En 1866 on les retrouve domiciliés rue Notre-Dame à Étretat, où ils sont boulangers. Cette année-là, Prudence avait repris le fonds de Tranquille Vatinel à la veuve de ce dernier, pour la somme de 1100 francs. Il dirigea la boulangerie jusqu’à sa mort, en 1902, avec l’aide de son fils Raymond, garçon boulanger et de son épouse. Un autre de ses fils, Prudence Frédéric, qui s’était entre temps établi boulanger aux Loges, reprit la boutique, employant ses fils Eugène et Ernest. En 1926, la boulangerie de la place du Marché avait été transmise au fils aîné de Frédéric, également prénommé Frédéric, tandis qu’Ernest était établi rue de l’abbé Cochet.

La boulangerie Hébert, rue de l’abbé Cochet, est représentée avec son personnel sur un cliché du photographe Eugène Flamant conservé aux Archives Départementales de Seine-Maritime (cliché Flamant AD 76, cote 38Fi533)
Généalogie des Hébert

La pâtisserie Lecoeur : une origine fécampoise

S’il est un commerce étretatais dont le nom est connu des gourmets bien au-delà des limites du canton, c’est bien celui de la maison LECOEUR. L’origine en est à Fécamp mais le fondateur de la lignée est né à Rouen à la fin du XVIIIe s., d’un père teinturier. Si les premiers Lecoeur à avoir mis les pieds à Étretat sont Emile Ovide, dans les années 1860, et son neveu Charles Gustave, dans les années 1880, ce sont les enfants de ce dernier qui se fixent à Étretat dans la première moitié du siècle dernier.

Le magasin de lingerie Au Mimosa 41 rue Alphonse Karr ; la pâtisserie Lecoeur se situe un peu plus loin sur le même trottoir, au n°47 (aujourdhui n°45, occupé par la galerie Isabelle Tambeur)).

La réputation de la pâtisserie-salon de thé était telle qu’elle figure, avec ses caramels, dans un album pour la jeunesse du dessinateur poitevin Laurent Audoin paru en 2006 aux éditions Bayard, « Vacances à Etretat ».

Généalogie des Lecoeur

La maison Lecoeur a fermé en 2005, après plus de 100 ans d’existence ; un descendant a repris en 2020 la fabrication des fameux caramels qui ont contribué à la réputation de la pâtisserie-salon de thé, avec ses spécialités de petits gâteaux comme le « rayon vert » (allusion au phénomène optique qu’on observerait plus particulièrement à Étretat…) ou le « brésilien », hommage rendu à Jacques Offenbach.

Extrait de l’album de Laurent Audoin « Vacances à Étretat », 2006

L’hôtellerie

Blanquet : au bon moment, au bon endroit

La famille Blanquet arrive à Étretat vers 1815, conduite par Robert Simon Blanquet, un natif de Cuverville, paroisse limitrophe d’Étretat, où il était « badestamier », ce qui signifie qu’il fabriquait ou/et vendait des bas de laine. A Étretat il change d’activité, s’installe près de la plage comme « cabaretier » et crée une auberge dont la notoriété va rapidement assurer sa prospérité, grâce à l’essor touristique d’Étretat, initié d’abord par la publicité faite Alphonse Karr auprès des élites artistiques parisiennes. L’hôtel Blanquet, qui se situait à l’emplacement actuel de la place du Général de Gaulle, fut le premier hôtel d’Étretat et reçut bon nombre de ces premiers « estivants ». D’après Raymond Lindon, l’établissement avait d’abord été baptisé Hôtel de la Ville du Havre avant de prendre le nom de son tenancier, avec un sous-titre : « Au Rendez-Vous des artistes », qui démontre que Blanquet avait parfaitement perçu la conjoncture et su en profiter. Le portrait d’Alphonse Karr réalisé par le céramiste Théodore Deck figurait en bonne place sur le pignon de l’hôtel Blanquet (Thomas 1985, p. 51, Delarue 2005, p. 127) ; il surmontait une enseigne peinte par Le Poittevin et Blanchard (Delarue 2005, p. 63 et 66). Par la suite, le tableau qui se dégradait fut remplacé par la fameuse citation de l’écrivain : « Malgré les charmes de St Raphaël, si j’avais à montrer la mer à  un ami pour la première fois, c’est Étretat que je choisirais ». Le bâtiment fut détruit en 1941 par l’occupant allemand pour dégager le front de mer.

« Quand Alphonse Karr est apparu à Étretat en 1834, et qu’il y a fait un séjour de trois mois à la naissante hôtellerie tenue par la famille Blanquet, les mœurs de cette population de pêcheurs étaient primitives, c’est-à-dire honnêtes. Elle était serviable, laborieuse, simple, modeste, désintéressée, attachée au culte de sa foi. Elle est actuellement peu obligeante, paresseuse, apprêtée, vaniteuse, cupide et tiède à remplir ses devoirs les plus sacrés. La jeunesse, qui a perdu les bonnes traditions, ne promet rien de bon pour l’avenir. »

Journal d’un villégiateur aux bains de mer, année 1884, publié par Bruno Delarue en 2014, éd. Terre en vue

Simon Blanquet fut maire d’Étretat de 1830 à 1831 ; en 1851, il avait ajouté à ses activités de cabaretier et de cultivateur celle de débitant de tabac. Le fils aîné, Césaire, dirigeait alors l’auberge avec son épouse.

Dans un livre de souvenirs publié en 1880, Alphonse Karr s’étend assez longuement sur la famille Blanquet, dont il fit la connaissance en 1833 . « Je descendis à l’auberge, aujourd’hui l’hôtel Blanquet, pour deux raisons : elle m’avait été indiquée par deux de mes amis qui avaient en réalité découvert Etretat, et, de plus, c’était la seule. – C’est pendant mon séjour que s’ouvrit une autre auberge moins importante. Les Blanquet étaient des paysans aisés ; ils avaient des terres qu’ils cultivaient, et l’auberge était alors un accessoire auquel était venu s’ajouter un débit de tabac et de genièvre qu’on vendait par petits verres (…). Ma pension, logement et nourriture, fut fixée à cinquante sous par jour ; c’était le prix de la maison. La famille Blanquet se composait du père Blanquet, un grand vieillard sec, qui avait déjà alors les cheveux blancs ; la mère Blanquet, une petite vieille, encore aujourd’hui vivante au moment où j’écris ces lignes et qui doit avoir bien près de cent ans, -elle était vieille en 1833 ;- Césaire Blanquet, un grand et fort garçon, voiturier, postillon, mareyeur, laboureur, qui était sorti et sortait encore souvent du pays, allant au Havre, à Fécamp, à Dieppe avec ses chevaux, et représentait les mœurs étrangères ; il était alors jeune, complaisant, gai, et s’efforçait d’être agréable à ses hôtes. (…) Outre le père, la mère et Césaire, il y avait un autre fils qu’on s’était saigné pour faire sortir de sa sphère et qui était huissier (…) dans je ne sais plus quelle petite ville voisine, et encore Bérénice, une grande, forte et assez belle fille, très bonne, très laborieuse, un peu boudeuse, de quoi elle finissait par rire elle-même ; Bérénice, comme Césaire, avait reçu une éducation relative et suffisante, savait écrire, lire et compter. » (A. Karr : Livre de bord, tome 2, 1880).

L’hôtel emploie trois « domestiques » (deux hommes, une femme) en 1841, quatre en 1846 (trois hommes, une femme) : en 1851 le nombre d’employés est passé à six, dont un garçon d’écurie.

Après la mort de Simon et de Césaire c’est le gendre de ce dernier, Désiré Deck, qui prend la direction de l’établissement ; il y a alors sept employés, dont deux couturières, venant de communes plus ou moins proches : Gerville, Fécamp, Les Loges, Saint-Maclou-la-Brière et Bréauté. Après le décès de Désiré Deck en 1893, c’est sa veuve, Célénie Blanquet, qui est seule maîtresse d’hôtel ; le personnel s’est alors beaucoup réduit. L’hôtel est alors concurrencé par de nombreux établissements : l’hôtel des Deux-Augustins, l’hôtel Hauville, l’hôtel de la Plage, l’hôtel la Potinière, l’hôtel des Roches Blanches, l’hôtel Omont,…

Le fils de Célénie Blanquet, Césaire Désiré Deck, fut restaurateur-limonadier à Paris dans la brasserie Mollard, rue Saint-Lazare, pendant la Belle Époque.

Généalogie des Blanquet

Omont, maîtres d’hôtel

Le nom d’OMONT est mentionné pour la première fois en 1876. Eugène Alfred Omont, âgé de 44 ans, est alors maître d’hôtel, domicilié rue Alphonse Karr ; il est venu de Fauville avec sa famille. Son fils Henri Victor Alphonse est conducteur de voitures. Le couple emploie trois domestiques. En 1891 Alfred s’est retiré au Tilleul depuis quelques années et c’est Alphonse qui est le maître d’hôtel, le nombre d’employées est passé à quatre, dont deux cuisinières. Dix ans plus tard, l’hôtel emploie sept personnes (trois bonnes, un domestique, une cuisinière, un jardinier et un cocher). Alphonse avait épousé en premières noces la fille d’un maître d’hôtel de Bolbec.

Le Grand hôtel Omont était situé route du Havre (aujourd’hui avenue Georges-V) ; au rez-de-chaussée s’ouvrait le café du Vieux-Rouen. D’après J.-P. Thomas (1985) l’établissement comptait 25 chambres et ses tarifs étaient en 1895 de 3 francs le repas et 8 francs la pension. De nos jours, c’est toujours un hôtel (actuellement le Detective Hôtel).

Enz : la mécanique suisse

Tout comme François Jeanne, Charles Frédéric ENZ –dit Fridolin Enz- était ferblantier, mais il venait d’une région bien différente, des rives du lac de Constance, à la frontière germano-helvétique. En effet le fondateur de la dynastie de mécaniciens étretatais était de nationalité suisse, né dans le petit bourg d’Emmishofen. D’abord émigré à Paris, il se marie en 1884 avec une étretataise et s’installe dans le village, rue de la Tour où il travaille le métal sous différentes formes (zinguerie, plomberie, etc.). Son fils Charles Fridolin Thomas, au début du XXe siècle, est d’abord serrurier mais il exerce lui aussi d’autres activités : mécanique, électricité, plomberie. Affecté à un régiment d’artillerie coloniale pendant la première guerre Mondiale, il assure l’entretien des véhicules blindés. A la troisième génération, Jean Charles Enz se consacre entièrement à la réparation automobile.

Généalogie des Enz
Papier à en tête de Charles Enz, entrepreneur en électricité, serrurerie, plomberie et garagiste ; son commerce se situait au 2, rue de la Tour (aujourd’hui Prosper Brindejont), à l’angle de cette rue et de la rue Monge
Publicité de 1933

L’établissement fut ensuite déplacé : le garage Jean Enz (garage de la Poste) se situait avenue Georges-V, à côté de la poste ; c’était un concessionnaire Citroën et il faisait face au garage Lucien Vallin qui, lui, était représentant de la firme Renault. Il a fermé en 2004.

Les Lassire, de l’hippomobile à l’automobile

L’origine des LASSIRE est à Cuverville. C’est là que naissent deux enfants d’un cultivateur, Émile Jérémie et Léopold Albert Lassire. Le premier se marie à Étretat en 1869 ; il y est domestique, puis cocher et commissionnaire et habite rue de la Tour. Le second se  marie à Vergetot puis s’installe au début des années 1880 à Étretat où il est domestique, puis cocher et « facteur-convoyeur » pour la poste ; lui est domicilié route de Fécamp (plus tard rue Offenbach). En tant que transporteur, il est agréé par les Chemins de fer. Deux des enfants de l’aîné, Émile Séverin et Léopold Victor, sont cochers et partent pour la ville du Havre à la fin du XIXe s. La succession de Léopold Albert est assurée par son fils André dans les années 1920-1940. Celui-ci fut déporté en Allemagne pendant l’Occupation pour infraction à l’embargo sur le carburant suite à une perquisition dans son garage (Tonnetot 1962, p. 171).

Généalogie des Lassire
Papier à en-tête d’Albert Lassire, transporteur et vidangeur, 14 rue Georges-V (face au garage de la Poste évoqué précédemment)

Les Docteurs Fidelin, père et fils

Le premier médecin installé officiellement à Etretat fut Adolphe Paul Charles FIDELIN. C’était un fils de médecin, né à Criquetot-l’Esneval où exerçait son père. Il se maria à Gonneville-la-Mallet et s’installa à Étretat, route du Havre. Il fut conseiller général, exerça entre 1875 et 1914 à Étretat (Lindon 1963, p. 122) et soigna –entre autres- la famille Maupassant (lettre de Maupassant in Artinian 1951, p. 19). Son train de vie était suffisant pour qu’il ait un cocher à son service. Deux de ses enfants furent médecins à leur tour : en 1883 naquit Robert Adolphe Charles Fidelin, qui possédait, au 10 rue Notre-Dame (aujourd’hui 10 bis), la villa la Chaufferette (ayant appartenu à Eugène Le Poittevin) ; il exerça à Étretat et y mourut en 1957. Son frère Charles Michel Léon Fidelin naquit en 1898 ; il assurait ses consultations les lundis, mercredis et vendredis, de 13 heures à 14h30, au 3 de la rue du Docteur Paul-Fidelin (anciennement rue du Marché). Celle-ci porte actuellement le nom des Docteurs Fidelin, dont l’un fut conseiller municipal.

Immeuble au numéro 3 de la rue des Docteurs Fidelin, où exerçait Charles Fidelin

La coiffure : Jouette, de père en fille

Le développement d’Étretat sous le Second Empire, en lien avec l’essor d’une clientèle saisonnière aisée, suscite de nouveaux besoins de consommation : c’est l’époque où apparaissent des commerces et services inconnus jusqu’alors : librairie, studio de photographie, vente d’antiquités, chapellerie, pharmacie, sans oublier les salons de coiffure.

En 1873 Jules Charles Victor Jouette, natif de Darnétal, s’installe avec son épouse à Étretat où il exerce le métier de « perruquier », qu’il avait pratiqué au Havre auparavant ; sa femme est chapelière, on reste dans le traitement du chef. En 1891, une fille de Jules travaille comme coiffeuse avec son père et le salon, rue Alphonse Karr, emploie un garçon perruquier. Après la mort de Jules en 1924, le salon de coiffure est repris par sa seconde épouse, Juliette Longuemare, avec l’aide de sa fille Juliette et d’un apprenti coiffeur.

Dans son Journal, André Gide évoque Jules Charles Victor Jouette, le fils du coiffeur, alors âgé de 14 ans et qu’il avait remarqué lors d’une visite à Étretat (Journal, t. I, p. 869). Le salon de coiffure Jouette est visible, au 27 de la rue Alphonse-Karr, sur une carte postale de la série éditée par Etienne et Antonin-Louis Neurdein (Thomas 1985, p. 34). L’emplacement est aujourd’hui occupé par le bar à vins Le Bel Ami.

« Course à Étretat , dans l’après-midi, en voiture. Je regrette de n’avoir appris que trop tard que l’on pouvait visiter les blessés (de 1 à 3 les jeudis et les dimanches). Été dans le parc, au sortir du village ; causé avec trois enfants, dont l’un se découvre fils de Jouette le coiffeur ; la seconde femme le hait et le maltraite… L’enfant est d’assez joli visage (quinze ans) mais semble complètement insubordonné ; j’espère le revoir jeudi prochain. »

André Gide, 25 septembre 1914, in Journal, tome 1, 1887-1925

La photographie : Flamant père et fils

Au tout début du XXe s., Louis Eugène Flamant, un négociant né en 1860 au Pré-Saint-Gervais, s’installe à Étretat avec sa famille. Fils du photographe officiel de l’empereur Napoléon III, il se passionne lui-même pour la photo et ouvre, au 29 de la rue Alphonse Karr, un studio qui se double d’une librairie dans les années 1920 (Delarue 2005, p. 212-213). Son fils Roland Henri Eugène, né à Neuilly en 1892, était connu des étretatais sous le pseudonyme de « Man’fla », son nom d’artiste chansonnier, surnommé « l’homme aux cent mille blagues ». Il poursuivit l’activité de son père de 1924 jusqu’au milieu du XXe siècle, avant de partir vers des lieux plus ensoleillés. Le père et le fils prirent à Étretat de nombreux clichés de paysages, de personnages ou de scènes de rue qui constituent un précieux fonds photographique couvrant la période 1890-1945 ; il a été légué à la commune d’Étretat qui l’a déposé aux archives départementales en 1998 (http://www.archivesdepartementales76.net/instruments_recherche/FRAD076_IR_Fi_038Fi_Fonds_Flamant.pdf).

La boutique d’Eugène Flamant rue Alphonse Karr, Photo Flamant, Archives Départementales de Seine-Maritime, cote 03Fi538
Photo Flamant, Archives Départementales de Seine-Maritime, cote 03Fi356
Roland Flamant est l’auteur ou le co-auteur de recueils d’histoires drôles plus ou moins lestes : Rien que des blagues (1938), L’homme et le cochon (1941), Encore des blagues (1953), Toujours des blagues (1953), Histoires parisiennes et montmartroises
Commerçant Enseigne Activité Adresse
Mme Vve Aubert   Costumes Rue Anicet-Bourgeois
Léon Aubert   Agence d’assurances Route du Havre
Sénateur Aubert   Maçon Rue Notre-Dame
Pierre Auvray   Forgeron Rue Anicet-Bourgeois
Mme Vve Auzou   Marchande de charbon 49, rue Notre-Dame
Paul Baillard   Jardinier Rue de l’Abbé Cochet
Louis Barbey   Peinture Rue de la Vallette
Baril   Location de meublés Rue Notre-Dame
Achille Barrey   Epicerie Rue Guy de Maupassant
Eugène Barrey   Menuiserie Rue de la Vallette
Eugène Barthélémy   Receveur buraliste 20, rue Alphonse-Karr/Rue du Marché
Émile Bataille   Epicerie, Location de meublés 7, Rue Alphonse-Karr
Mme Vve Beaudelet   Location de meublés Rue de l’abbé-Cochet
Célestine Beaufils Vve Tonnetot   Marchande de bonbons Avenue de la Gare
de la Blanchetais Hôtel des Roches Blanches Hôtel-restaurant  
Célénie Blanquet Vve Deck   Hôtel-restaurant Rue du Perrey
Emile Boudin   Caviste Rue de l’Abbé Cochet
Ernest Bouvier   Jardinier Rue Notre-Dame
Marguerite Bouvier épouse Piot   Marchande de nouveautés Rue Alphonse-Karr
Mme Bredel-Fréval   Blanchisserie, location de meublés Rue de la Tour
Célénie Briard veuve Vimont   Boucherie 23, rue Alphonse-Karr
Anna Brulin épouse Baril   Poissonnerie Rue du Marché
Marie Campion Vve Fréval   Blanchisserie Rue de la Tour
Cessin-Ardisson   Broderie 31 bis, rue Alphonse-Karr
Chambrelan   Agence de location Rue de la Valette
Léon Chambrelan   Charpenterie Rue Isabey
Mme Emile Chambrelan   Costumes Rue Diaz
Mme Vve Coquais   Location de meublés Rue de l’abbé-Cochet
Joséphine Coquerel Vve Durand   Matelassière Rue Isabey
Adélina Coquin   Blanchisserie Rue du Marché
Joseph Coquin   Peinture Rue Notre-Dame
Louis Coquin   Agence de location 31 bis rue Alphonse-Karr
Célestine Coquin Vve Lemonnier   Epicerie 37, rue Alphonse-Karr
Maria Coquin Vve Deneufve   Blanchisserie Rue Alphonse-Karr
Louis Cordier   Epicerie Rue Isabey
Maurice Courseaux   Coiffure 33, rue Alphonse-Karr
Eugène Cramoysan   Jardinier Rue Mathurin-Lenormand
Henri Cramoysan   Cordonnerie Rue Notre-Dame
Félicie Crochemore épouse Recher   Rempaillage Rue de Traz-Périer
Adolphe Dajon   Épicerie Rue de la Tour/rue du Marché
Charles Dallet   Cordonnerie Rue Notre-Dame
Marie Débris épouse Ras   Laiterie Rue Alphonse-Karr
Marie Déhais   Blanchisserie Rue de la Tour
Pierre Déhais   Maçon Rue Isabey
Louis Delamare Hôtel de Normandie et des Deux-Augustins Hôtel-restaurant Place du Marché
Adelina Delande   Café Rue de la Vallette
Jules Dénouette   Café Rue Offenbach
Deshais   Poissonnerie Place du Marché
Marcel Duboc   Café Route du Havre
Léon Duclos   Huitrerie Rue de l’abbé-Cochet
Eugène Dudan   Charcuterie Place du Marché
Justine Duë   Epicerie Rue de l’Abbé Cochet
Émile Dumont   Laiterie-Fruiterie 13, rue Alphonse-Karr
Edmond Dupéroux   Boulangerie-pâtisserie 19, route du Havre
Félix Dupéroux   Menuiserie Rue Isabey
Louis Dupéroux   Menuiserie Rue Offenbach
Léon Dutot   Boulangerie-pâtisserie 38, rue Notre-Dame
Marie Duval veuve Lesueur   Peinture-encadrement Boulevard Charles-Lourdel
Bérénice Enault Vve Poret   Antiquités, location de meiblés Rue Alphonse-Karr
Frédéric Enz   Plomberie-couverture-serrurerie Rue de la Tour
Félix Fanonnel   Boucherie 43, rue Notre-Dame
François Fauvel   Cordonnerie Rue Isabey
Marie Fauvel Vve Miquignon   Epicerie 25, rue Alphonse-Karr
Marc Fazan   Café Avenue de la Gare
Paul Fidelin   Médecine générale Rue du Marché et route du Havre
Louis Flamant   Photographe Rue Alphonse-Karr
Eléonore Fontaine   Blanchisserie Route du Havre
Mélina Frémont   Crèmerie Rue Isabey
Juliette Gautier   Laiterie-crèmerie Rue du Marché
Guillaume Gentil   Marchand de charbon Rue Anicet-Bourgeois
Mme Vve Hamel   Location de meublés Rue Notre-Dame
Médéric Hautot   Epicerie Route du Havre
Hauville   Hôtel-restaurant  
A. Hauville   Horticulteur, Fleuriste 55, rue Notre-Dame
Joseph Hauville   Jardinier Avenue aux Lierres
Léon Hauville   Tailleur Rue de la Tour
Léon Hauville   Cordonnerie Rue Isabey
Marguerite Hauville Vve Lozé   Crèmerie Rue de l’abbé Cochet
Charles Hermel   Jardinier Rue de la Tour
Emile Hoisey   Boulangerie-pâtisserie 44, rue Alphonse-Karr
Frédéric Huard   Ferblantier-couvreur Rue Anicet-Bourgeois
Emile Jeanne   Réparation de parapluies Rue Monge
François Jeanne   Plomberie-couverture Rue Alphonse-Karr
Madeleine Jouet épouse Chambrelan   Agence de locations Rue Isabey
Jules Jouette   Coiffure 23, rue Alphonse-Karr
Louis Lachèvre père   Fruiterie Rue de la Tour
Louis Lachèvre fils Café du commerce Café-restaurant 12, rue Alphonse-Karr et 4, rue du Marché
Philippe Lachèvre   Café-restaurant 49, rue Alphonse-Karr
Louis Lair   Entrepositaire Rue Alphonse-Karr
Emile Lassire   Commissionnaire Avenue de la Gare
Léopold Lassire   Transporteur-convoyeur Rue Offenbah
Zélia Launay Vve Lefrançois   Teinturerie Avenue de la Gare
Alexandrine Lebaillif Vve Aubry   Quincaillerie Rue Offenbach
Amand Lebaillif   Café Avenue de la Gare
Mme L. Lebaillif   Blanchisserie Rue du Marché
Charles Leblanc   Antiquaire Rue Alphonse-Karr
Lecoeur   Pâtisserie 47, rue Alphonse-Karr
Marius Lécuyer   Boucherie Route du Havre
Octave Lécuyer   Fruiterie Rue Notre-Dame
Jules Ledentu   Jardinier Rue du Mont
Léopold Legembre   Carrosserie-charronnage Rue Alphonse-Karr
Anthime Legros   Jardinier Avenue de la Gare
Pierre Leguy   Horlogerie Rue Alphonse Karr
Célina Leleu épouse Baril   Poissonnerie Rue Notre-Dame
Lemonnier   Café Route du Havre
Edmond Lemonnier   Menuiserie Rue de l’Abbé Cochet
Emile Lemonnier   Cordier Rue Offenbach
Florentin Lemonnier   Menuiserie Rue Notre-Dame
Joseph Lemonnier   Cordier Rue de l’Abbé Cochet
Louis Lemonnier   Menuiserie Rue Anicet-Bourgeois
Lemonnier-Coquin   Epicerie 37, rue Alphonse-Karr
Victoire Lemonnier Vve Brulin   Poissonnerie Rue du Marché
Lenormand   Cordonnerie Rue Traz-Périer
Marie Leprévost épouse Leseigneur   Laiterie-crèmerie Rue Monge
Albert Letanneur   Café Route du Havre
Charles Levillain La Glacière Café-restaurant 60, Rue Guy de Maupassant
Mme Vve Charles Liberge   Entreprise de bâtiment 59, rue Isabey
Héloïse Marais   Marchande de parapluies Rue Alphonse-Karr
Henri Martin   Epicerie 45, rue Notre-Dame
Léon Martin   Cordonnerie Rue Isabey
Emile Maubert   Tailleur 1, route du Havre
Laurent Moignard   Café 26, Rue Alphonse-Karr
Bénoni Mondeville   Cordonnerie Place de la Mairie
Lucie Morin Vve Poret   Chausseur 9, rue Alphonse-Karr
Félicité Morisse  Vve Hébert   Boulangerie-pâtisserie Place du Marché
François Morisse   Menuiserie-ébénisterie Rue Alphonse-Karr
Georges Nouet   Maçon Rue Isabey
Alphonse Omont   Marchand de charbon 8, rue Anicet-Bourgeois
Alphonse Omont Café du Vieux Rouen Hôtel-restaurant 6, route du Havre
Célina Omont   Gargote Rue Offenbach
Henri Omont   Location de voitures, transport de voyageurs 14, route du Havre
Fernand Ouf   Tailleur Place Victor-Hugo
Mme Vve Ouf   Tapisserie, Location de meublés Route du Havre/1, rue Alphonse-Karr
Félix Palfray   Mercerie, peinture-encadrement Rue Offenbach
François Paumelle   Tailleur 35, rue de la Tour
Gervais Paumelle   Charpenterie de marine/excursions en mer Rue Anicet-Bourgeois
Laure Paumelle Vve Morin   Marchande de nouveautés Rue de la Tour
Petrus Paumelle   Tailleur Rue Alphonse-Karr
Dominique Pays   Horticulteur Rue du Bec-Castel
Alfred Peltier   Coiffure Rue Alphonse-Karr
Alfred Piot   Teinturerie 2, rue Alphonse-Karr
Henri Potel   Entrepôt de boissons 9, rue Offenbach
Anthime Ras   Ebénisterie Rue Isabey
Albert Resse   Cordonnerie Rue du Marché
Gustave Resse   Marchand de chaussures 22, rue Alphonse-Karr
Delphine Rioult Vve Médrinal   Librairie Rue Alphonse-Karr
Auguste Roger   Pharmacie 1, Rue Offenbach
Paul Rose   Maçon Rue de l’Abbé Cochet
Simon Rosenzweig   Bijouterie Rue Alphonse-Karr
Ezaline Roy   Café Route du Havre
Jean Scavini   Cordonnerie Rue Alphonse-Karr
Séraphin Scavini   Cordonnerie Rue Anicet-Bourgeois
Maria Thieullent Vve Hautot   Fruiterie Rue Anicet-Bourgeois
Eugène Thomas   Marchand de charbon 5, rue du Marché
Tonnetot frères (Eugène et Louis)   Fleuriste Rue de la Valette
Eugène Tonnetot   Jardinier Avenue de la Gare
Louis Tonnetot   Jardinier Avenue de la Gare
Sylla Tonnetot Vve Auzou   Marchande de charbon 49, Rue Notre-Dame
Frédéric Touzet   Entreprise de bâtiment Rue Offenbach
Aline Vallin Vve Tonnetot   Poissonnerie Rue de l’Abbé Cochet
Mme Isilda Vallin   Blanchisserie Cour du Petit-Bossu
Joseph Vallin Hôtel de la Plage Hôtel-restaurant Place Victor-Hugo
Joseph Vatinel   Café Route du Havre
Jules Vimont   Charcuterie 21, rue Alphonse-Karr

Commerçants et artisans d’Etretat en 1906, d’après une liste du Syndicat d’initiative publiée par Thomas 1985, modifiée et complétée d’après le recensement de 1906.

Charcuterie Dudan place du Marché (aujourd’hui biscuiterie Jacques Delaunay
Une maison de la rue du Colonel Raynal porte encore l’inscription : « Teinturerie parisienne Vve Lefrançois, magasin sur l’autre rue »
Commerçant Enseigne Activité Adresse
M. d’Alençon (ancienne maison Virlouvet) Hôtel de la Gare Hôtel, pension de famille Avenue Nugesser-et-Coli
R. Aubry Aux Grandes Fermes Normandes Confiserie, œufs, beurre, fromages, poulets 35, rue Notre-Dame
Belleteste Hôtel de Normandie Hôtel  
A. Boulinière   Couverture, plomberie, zinguerie, serrurerie, chauffage 31, avenue Georges-V
Ernest Bréant   Quincaillerie, serrurerie, ferronnerie 8, avenue de Verdun
Burel-Hénon Café de l’Europe Café-Restaurant 37, avenue Georges-V
Romain Capron Grand Garage d’Etretat Garagiste Rue Guy-de-Maupassant et 8bis avenue Georges-V
Cardon Chez Cardon Bonneterie, Lingerie, Casquettes Rue Adolphe-Boissaye
J. Carpentier Café-Restaurant des Marins Café-Restaurant 49, rue Alphonse-Karr
René Chambrelan   Epicerie, vins, liqueurs Avenue Nugesser-et-Coli
Collos Café d’Etretat Café Rue Adolphe-Boissaye
Léon Cramoysan Café de la Marine Café, hôtel meublé 30, rue Alphonse-Karr
Deforêt & Barbier   Epicerie fine, vins, spiritueux, liqueurs, brasserie de cidre 25, rue Alphonse-Karr
René Delamare   Peinture Rue Prosper-Brindejont
Mme Demoule (ancienne maison Lebaillif et Duval)   Boulangerie-pâtisserie 19, avenue Georges-V
Deschamps   Droguerie, brosserie, papiers peints, peintures Rue Alphonse-Karr
Charles Enz   Automobiles, électricité 2, rue Prosper-Brindejont
Paul Fontaine (ancienne maison Vimont) Charcuterie Parisienne Charcuterie 21, rue Alphonse-Karr
R. Guinchard Epicerie Centrale Epicerie 13, avenue Georges-V
Edmond Hauville (ancienne maison Lachèvre)   Fruits, primeurs, beurre, œufs, fromages, volailles  
R. Hauville   Boissons, vins et spiritueux 9, avenue de Verdun
F. Hébert   Boulangerie-pâtisserie Place du Marché
Y. Hébert   Librairie-papeterie Angle rue Alphonse-Karr/rue du Dr Paul-Fidelin
A. Houlbrecque Au Souvenir d’Etretat Souvenirs, articles de plage, articles de voyage Rue Monge
Gabriel Jeanne (ancienne maison François Jeanne)   Couverture, plomberie, électricité, fumisterie, chauffage 40, rue Alphonse-Karr
Paul Jeanne Maison Jeanne-Ledentu Couverture, plomberie, zinguerie, serrurerie, chauffage, quincaillerie 55, rue Notre-Dame
P. Jung Hôtel du Commerce Hôtel-Restaurant 12, rue Alphonse-Karr/4, rue du Dr Paul-Fidelin
Albert Lassire   Transports 14, avenue Georges-V
F. Lecartel Au Régulateur Horlogerie-bijouterie, lunetterie, disques, radio 32, rue Alphonse-Karr
G. Lecaudey Au Petit Bossu Fruits, légumes, crèmerie 11, avenue Georges-V
M. Levasseur   Alimentation, brasserie de cidre 45-47 rue Notre-Dame
Vve Ch. Levillain La Glacière Café-Restaurant, pension de famille Rue Guy-de-Maupassant
Vve Ch. Liberge   Entreprise générale de bâtiments Rue Guy-de-Maupassant
E. Liévens (ancienne maison M. Caron) Grande Epicerie Moderne Alimentation générale 7, rue Alphonse-Karr
L. Lusson Hôtel-Café Parisien Café-Hôtel 23, avenue Georges-V
Massonnaud (maison Louis Coussot) Au Gagne Petit Bonneterie, lingerie Rue du Dr Paul-Fidelin
Millet   Teinturerie Rue Alphonse-Karr
Marcel Moireau (ancienne maison Jules Petit) A l’incomparable Chausseur 5, avenue Georges-V
M. Morin (ancienne maison Palfray-Lemonnier)   Entreprise de peinture, papiers peints, droguerie 12, avenue de Verdun
Potel Au Mimosa Lingerie 41, rue Alphonse-Karr
C. Renaudin   Charcuterie Rue du Dr Paul-Fidelin
René (ancienne maison André)   Coiffeur 33, rue Alphonse-Karr
J. Richelet L’Edelweiss Hôtel-Restaurant 9, avenue Georges-V
Maurice Servain (ancienne maison Sence Panel)   Café-Tabac, épicerie, mercerie 8, rue Abbé-Cochet
Joseph Tinel Boucherie Normande Boucherie 43, rue Notre-Dame
Gaston Vallin A la Marée du Jour Poissonnerie Rue Alphonse-Karr

Commerçants et artisans d’Etretat dans les années 1930 (source : livret de la revue « En villégiature » composée par René Tonnetot pour la saison touristique 1933).

Un marque-page qui ravivera les souvenirs de certains lecteurs étretatais (coll. privée)

Pour en savoir plus :

  • Artine ARTINIAN : Correspondance inédite de Guy de Maupassant. Editions Dominique Wapler, Paris, 1951, 343 pages.
  • Bruno DELARUE : Les peintres à Etretat, 1786-1940. Edition Bruno Delarue, 2005, 272 pages.
  • André GIDE : Journal. Tome I, 1887-1925. Ed. Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2002, 1748 pages.
  • Armand LANOUX : Maupassant le bel-ami. Ed. Fayard, 1967, 460 pages.
  • Raymond LINDON : Étretat, son histoire, ses légendes. Les éditions de Minuit, 1963, 186 p.
  • Hélène LINDON-MACKENZIE : Étretat dans la vie et l’œuvre de Guy de Maupassant. Le Bugue, éd. Ol Contou, 1993
  • Guy de MAUPASSANT : Correspondance. Le cercle du bibliophine,  édition établie par Jacques Suffel, 1973 (3 tomes) http://maupassant.free.fr/correspondance2.html
  • E. PARMENTIER : Etretat, son origine, ses légendes, ses villas et leurs habitants, éd. Ernest Leroux, 1890, ré-édité par Le livre d’histoire en 2004, 334 pages.
  • Jean-Pierre THOMAS : Étretat autour des années 1900. Promenades en cartes postales dans la station balnéaire. Imprimerie Durand, Fécamp, 1985, 183 pages.
  • Jean-Pierre THOMAS : Étretat, des origines à nos jours. Imprimerie Corlet, 2011, 416 pages.
  • René TONNETOT : Étretat à travers les siècles. Imprimerie L. Durand, Fécamp, 1962, 206 pages.

2 commentaires sur “Maisons de confiance : familles de commerçants et artisans”

  1. travail extraordinaire, qui m’intéresse tout particulièrement pour mes recherches généalogiques cauchoises et actuellement sur mes lointains cousins d’Etretat. Bravo
    auriez vous les recensements de 1931, 1936, 1946 qui ne sont pas en ligne aux AD 76
    auriez vous des renseignements sur une éventuelle crèmerie tenue en 1926 par Marie Louise NOUET (recensement de 1926)? rue Guy de Maupassant
    il y a t il des commerces de descendants des NOUET d’Etretat (maçons, etc)?
    bien cordialement
    Patrick VIGAN (° 1943) résident au Sénégal
    membre du GGHSM

    1. Bonjour,
      Je vous remercie de vos compliments et suis très heureux que cet article vous ait intéressé. Je ne peux malheureusement pas beaucoup vous aider sur les questions que vous me posez ; les recensements postérieurs à celui de 1926 ne sont effectivement pas accessibles en ligne. J’ai connaissance d’une Marie Louise Nouet, née à Etretat en 1867 et décédée en 1936, qui est probablement la personne que vous mentionnez. C’était une des filles de Léopold Hypolite Nouet, qui fonda son entreprise de maçonnerie à Etretat. Celle-ci fut reprise par son fils Georges Louis (1870-1936) puis par son petit-fils Raymond Albert Léopold (1902-1963). L’entreprise devait se situer rue du Bec Castel. Bien cordialement

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