Le zoo d’Étretat est né de l’initiative d’André Bercovitz, un administrateur de biens parisien qui s’était installé en 1959 à la villa Moriandre, rue Offenbach ; cette agréable maison à loggia, qui portait auparavant le nom de villa Les Lierres, avait appartenu à Paul d’Ocagne, ingénieur des Arts et Manufactures.
Peu de temps après l’acquisition, il aménagea les 3 hectares de parc de sa propriété pour y accueillir des animaux en liberté et en semi-liberté, sur le modèle du parc animalier de Clères, situé à 80 kilomètres d’Étretat, au nord de Rouen, et créé par un ornithologue en 1919 dans le parc à l’anglaise entourant un château.
Situé sur l’éperon s’avançant entre le Petit Val (vallon de Bénouville) et le Grand Val (vallée d’Étretat), le parc s’étend sur une pente exposée au sud-est, offrant la vue sur le village et sur la falaise d’Aval dans le lointain. Ce secteur est occupé depuis le milieu du XIXe s. par des villas fastueuses, comme la villa Orphée, le Donjon et le château des Aygues, qui encadrent la villa Moriandre (http://www.etretat.carnetsdepolycarpe.com/2020/11/09/les-villas-etretataises-et-leurs-noms-un-peu-de-geographie-sociale/).
Le parc zoologique a été inauguré à Pâques 1961 en présence du député André Bettencourt et de 800 personnes. Le parc comptait alors 150 animaux. Rapidement, il fut connu à Étretat sous l’appellation de « parc aux bêtes », une expression plus conforme au parler cauchois.
À son apogée, le parc accueille environ 400 bêtes appartenant à une centaine d’espèces (des chevaux du Sénégal, 20 chèvres naines du Sénégal, un mouflon des Andes, 13 daims, des cerfs, des ânes, 4 lamas, 2 ours bruns d’Abbyssinie, 24 babouins et mandrills, un chimpanzé-vedette du zoo, 9 kangourous, des pingouins, 4 émeus, des grues, 2 pélicans de Madagascar, 13 flamants roses, des hérons du Mozambique, 3 aigrettes d’Afrique du Nord, un cariama du Brésil, des oiseaux trompettes d’Australie, des faisans dorés, des paons, des perroquets, un toucan, 36 canards, 3 cygnes noirs et 6 cygnes blancs).
Le parc reçoit 6.800 visiteurs en 1963. Il emploie deux soigneurs, un jardinier et une aide. Un salon de thé propose des boissons aux visiteurs.
Le parc s’agrandit vers l’est et se diversifie avec l’ouverture d’un club équestre en 1965, incluant des écuries, un manège, une piste de près d’un kilomètre, un club-house et un terrain de jeux pour enfants. Cette activité vient enrichir l’offre sportive et ludique proposée aux touristes séjournant à Étretat. Dans son extension maximum, le parc et le centre couvrent 11 hectares, au pied de l’antenne relais et autour du réservoir des eaux, et s’étendent au lieudit les Trois Mathildes, entre la route de Fécamp et le chemin de Saint-Clair, jusque sur la commune de Bordeaux-Saint-Clair.
Des bungalows à la silhouette triangulaire caractéristique sont construits au milieu des pins, pour accueillir des cavaliers de passage. Dans la lancée de cette création, un concours hippique national est organisé au Parc aux Bêtes le 22 août 1965 ; il réunit 193 concurrents.
Le succès est cependant de courte durée. Le parc zoologique ferme ses portes à l’aube des années 1970 ; le centre équestre lui survit un peu plus longtemps. Désormais, le centre le plus proche d’Étretat pour les cavalier(e)s se trouve sur la commune du Tilleul -bien qu’il porte le nom de domaine équestre d’Étretat (https://domaine-equestre-etretat.fr/).
En juillet 2023, l’artiste havraise Nathalie Letulle fait revivre le souvenir du parc aux bêtes en proposant dix portraits géants d’animaux sauvages dans le parc de l’ancien zoo (https://www.nathalie-letulle.fr/expos.html).
Pour en savoir plus :
- Annie GUILBERT : À Étretat, le parc aux bêtes abrite 400 animaux venus du monde entier, in Ville d’Étretat, guide officiel 1968, édité sous le patronage de la municipalité, le syndicat d’initiative, l’union des commerçants, le parc aux bêtes d’Étretat, p. 32-37.
- https://www.hoteletretat.com/blog/un-zoo-etretat (billet du blog de l’hôtel-restaurant le Donjon)